Sénégal : à peine réélu, le président Macky Sall annonce vouloir diriger le pays sans Premier ministre
Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Macky Sall, réélu en février 2019 pour cinq ans, a surpris la classe politique en décidant d'orienter le Sénégal vers un régime présidentiel, gage selon lui d'une plus grande efficacité pour mener à bien des réformes ambitieuses.
Quatre jours après sa prestation de serment le 2 avril, le président Macky Sall a reconduit son Premier ministre sortant Mahammed Boun Abdallah Dionne. Au même moment, il le chargeait de préparer la "suppression" du poste de Premier ministre. Une évolution radicale qui devrait lui permettre, dit-il, d'avoir une prise directe sur les administrations chargées de mettre en oeuvre sa politique.
Le chef de l'Etat sénégalais, qui se définit comme un libéral social, a décidé "d'insuffler une nouvelle dynamique à la conduite des affaires publiques" avec pour objectif "la simplicité dans l'organisation", "la souplesse dans l'action" et "la clarté et la lisibilité des échelles de responsabilités", selon le secrétaire général de la présidence de la République sortant Maxime Jean-Simon Ndiaye. Pas étonnant, dans ces conditions, que le président Sall ait voulu "reconsidérer" la fonction de Premier ministre.
"Davantage d'impact sur les populations"
Tout juste re-nommé, l'intéressé, pas du tout inquiet, a expliqué à la télévision que "ce dont il s'agit, c'est de diminuer les goulots d'étranglement pour que l'information circule davantage" et pour que les réformes aient "davantage d'impact sur les populations". La mission de M. Dionne désormais est de préparer une réforme de la gouvernance et de présenter le projet à l'Assemblée nationale où le parti au pouvoir détient une large majorité.
Lorsque le poste de Premier ministre aura été supprimé, "la deuxième fonction qui m'a été confiée prendra le dessus", a tranquillement précisé M. Dionne, évoquant son rôle de secrétaire général de la République, une fonction qui dépend directement du chef de l'Etat.
Macky Sall, 57 ans, a vu dans sa réélection dès le premier tour, avec 58,26% des voix, la validation de son plan Sénégal émergent (PSE), qui s'est traduit, entre autres, par des grands travaux tels que la construction d'un nouvel aéroport international, d'une ville nouvelle, Diamniadio, aux portes de Dakar ou d'un Train express régional.
Vers un référendum ?
L'importante réforme politique annoncée après la campagne électorale, et dont les contours n'ont pas été précisés, a pour l'instant laissé l'opposition sans réaction. Interrogé par Jeune Afrique, l'opposant Thierno Bocoum, de la coalition Idy2019, estime pour sa part que "si l’on devait changer totalement de régime pour aller vers un régime présidentiel, il serait nécessaire qu’un vrai débat ait lieu et que cette réforme soit soumise au peuple sénégalais par référendum".
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