Cet article date de plus d'onze ans.

Le père Noël se sent bien au Sénégal

Au Sénégal, musulmans ou catholiques partagent les fêtes de chaque religion. Le 25 décembre est un important moment festif qui rassemble les familles du nord au sud du pays. "Le Père Noël est partout chez lui", raconte Gérard Grizbec, correspondant de France 2 à Dakar.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eglise Saint-Charles Borromée à Gorée Sénégal décembre 2009. (CC Dorothy Voorhees)

Depuis déjà dix jours, ils occupent les trottoirs du boulevard de la République, la grande artère de Dakar qui va du Palais présidentiel à la Corniche qui longe la mer. Ils, ce sont ces vendeurs ambulants qui se faufilent entre les voitures bloquées aux feux rouges. Grâce à eux, impossible d’ignorer que les fêtes sont bien là : sapins de Noël, guirlandes, boules de toutes les couleurs.Tout vient de la Médina, quartier populaire de Dakar, plus précisément du côté de l’avenue du général de Gaulle.

La plupart des vendeurs sont des musulmans qui se sont fournis auprès de marchands chinois. Car au Sénégal, on ne rate aucune fête, quelque soit sa religion. Alors, Noël est un moment important pour tous dans un pays où 90% de la population est de confession musulmane.

Ici, on pratique une forme d’islam très tolérant, sous forme de confréries dirigées par des marabouts. La confrérie des Mourides est la plus importante. Ainsi, chaque année au mois de mars, des centaines de milliers de pélerins se retrouvent à Touba pour y commémorer l’exil en 1895 du Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de cette confrérie. Pour les mourides, ce pèlerinage est plus important que celui de la Mecque.

Noël est fêté donc par tous, comme la Tabaski (l'Aïd al-Adha), célébrée il y a quelques semaines, qui commémore le sacrifice d’Abraham et son obéissance à Dieu. En quelques heures, tous les moutons de Dakar ont été égorgés. Cette fois, Noël est l’occasion de se réunir en famille, d’échanger quelques cadeaux, selon ses moyens, et surtout de partager un bon repas.

Nöel à Dakar (AFP/SEYLLOU)

Pape habite dans le village de Diass à 50 km au sud de Dakar. Un village tranquille sur la petite côte…pas très loin de Saly, station balnéaire à la mode, très prisée des bobos parisiens… «A Noël le menu est toujours le même : poulet-frites ! Le menu des toubabs !» (les blancs, en langue wolof). A Diass tout le monde est musulman, mais qu’importe ! Et il poursuit : «On refait la même chose le soir du 31 décembre : toujours poulet-frites, soirée dansante, des beignets et quelques pétards…plus les 12 coups de minuit !».

A l’autre bout du pays, tout au sud, en Casamance, Florence habite un autre village : Affignam, à 2h de pirogue de Ziguincho. Là, tout le monde est catholique : «à minuit on va à la messe, puis c'est " l'habituel "poulet-frites, pas d’alcool, on boit du jus de bissap (d’hibiscus) et de bouye (de baobab)».  Seule exception : la bière flag, la plus populaire car la moins chère.

Les marchands ambulants de Dakar se font de plus en plus pressants : «Il n’y aura pas de sapins pour tout le monde» nous dit Abass, ceux-là sont à 5000 francs CFA ( environ 8 euros ). Difficile de croire que la communauté chinoise est en rupture de stock . Difficile également de croire que l’on est fin décembre, il fait 28 degrés…et l’on peut encore se baigner.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.