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Vidéo Au Rwanda, la difficile réconciliation d'une mère avec sa fille née d'un viol

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Envoyé spécial. Au Rwanda, la difficile réconciliation d'une mère avec sa fille née d'un viol
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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Ses collines paisibles ont été le théâtre d'un génocide qui a fait près d'un million de morts. Quand le conflit s'est achevé, en juillet 1994, le Rwanda était en ruines, traumatisé. "Envoyé spécial" raconte le 18 avril comment le pays s'est relevé – grâce à ses femmes, qui ont dû apprendre à vivre avec les blessures du passé.

Après le génocide, le régime rwandais a imposé aux victimes (en majorité tutsies) et aux bourreaux un programme basé sur le dialogue et le pardon. Depuis vingt ans, Godeliève Mukasarasi va à la rencontre des femmes pour leur proposer une aide psychologique et mettre en place des groupes de parole.

"Les voisins me disaient que j'étais un enfant de tueur"

Cette travailleuse sociale a accompagné des centaines de victimes de violences sexuelles. Leur nombre est estimé à 300 000, et les enfants nés de viols seraient plusieurs milliers. Faire accepter ces enfants par leur mère fait partie de son travail.

Vestine avait 20 ans quand elle a été violée par un milicien hutu. Il a aussi tué ses enfants, ses parents, et l'a blessée à la jambe. Des années plus tard, Vestine a toujours du mal à rester assise dans la même pièce que sa fille, qui a aujourd'hui 25 ans et qu'elle appelle "cette enfant qui est ici, à côté".

"On se haïssait, avec ma mère. Quand je rentrais à la maison, je lui lançais des pierres"

Les sentiments et le vécu de sa fille sont tout aussi douloureux : "Quand j'ai commencé à vraiment comprendre ce qui s'était passé, les gens dans la rue, les voisins me disaient que j'étais un enfant de tueur, raconte-t-elle. On se haïssait, avec ma mère. Quand je rentrais à la maison, je lui lançais des pierres, et je lui disais : 'Je sais que tu ne m'aimes pas. Et moi, je ne t'aime pas non plus'."

Aujourd'hui, grâce à Godeliève, les deux femmes ont pu se retrouver après des années de haine. C'est une Vestine souriante qui chante et danse aux côtés de sa fille. Elle dit même avoir pardonné à l'homme qui l'a violée.

Extrait de "Le pays des femmes", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 18 avril 2019.

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