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RDC : la fin de l'Union sacrée entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila fait craindre une crise majeure

Le président de la république, Félix Tshisekedi, a annoncé qu'il recherchait une nouvelle majorité au sein de l'Assemblée nationale. Il met ainsi fin au pacte qui le liait à l'homme fort du pays, l'ancien président Joseph Kabila.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, tient une conférence de presse lors d'une visite en Allemagne, le 15 novembre 2019, à Berlin. (ABDULHAMID HOSBAS / ANADOLU AGENCY)

D'un ton très solennel, le président Félix Tshisekedi a annoncé dimanche 6 décembre, lors d'une allocution télévisée la fin de la coalition au pouvoir qu'il formait depuis janvier 2019 avec la majorité parlementaire de son prédécesseur Joseph Kabila.

Le président a dénoncé "une crise persistante cristallisée notamment par le refus du Parlement de soutenir certaines initiatives du Gouvernement". L'heure est donc à la recherche d'une nouvelle majorité parlementaire, faute de quoi il faudra procéder à de nouvelles élections.

Le président Tshisekedi met ainsi fin à l'attelage qu'il avait créé avec son prédécesseur Joseph Kabila lors de l'élection présidentielle de 2018. Ce dernier conservait le contrôle du parlement et permettait à son adversaire politique de s'installer dans le fauteuil présidentiel. Le tout dans une transition pacifique, une première dans ce pays où le mot "crise" semble être inscrit dans la constitution.

En fait, ce divorce était prévu depuis un moment. En octobre dernier déjà, le président Tshisekedi avait annoncé la mise en œuvre de consultations afin d'aboutir à une nouvelle majorité au parlement. Car le parti du président y est ultra minoritaire, comptant seulement 47 des 500 sièges de l'assemblée. En face, le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila dispose de 341 sièges, et fait la pluie et le beau temps.

Affrontements

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès le 7 décembre, au lendemain de la déclaration, chaque camp a mobilisé ses troupes, et des affrontements ont eu lieu devant le bâtiment du parlement. Les forces de l'ordre ont dû intervenir et tirer quelques grenades lacrymogènes pour séparer les protagonistes. Pire, au sein même de l'hémicycle on en est venu aux mains, la tribune a été saccagée, et la séance plénière n'a pas pu se tenir. 

Une démonstration de force mise au crédit des pro-Tshisekedi qui dénoncent la légitimité de la présidente de l'Assemblée pro-Kabila, Jeannine Mabunda. Cette dernière ainsi que les membres du bureau sont visés par une motion de destitution. Ce à quoi les membres du FCC rappellent qu'ils possèdent la majorité absolue.

Appel au calme

Tout cela bien évidemment n'augure rien de bon. L’envoyée de l’ONU en République démocratique du Congo, Leila Zerrougui, a immédiatement appelé les deux parties à la retenue. Selon elle, la RDC ne peut pas se permettre une crise institutionnelle grave. "Elle a besoin d’institutions stables et fonctionnelles se remettant au travail le plus vite possible et se concentrant sur le relèvement économique national et la stabilisation de l’est du pays".

Mais on voit mal comment Félix Tshisekedi pourrait trouver au sein du parlement une majorité qui lui soit favorable. Il a reçu, à sa demande, le Premier ministre pro-Kabila, Sylvestre Ilunga, pour évoquer sa démission. Car en vertu de la Constitution congolaise, le président de la République n’a pas le pouvoir de révoquer le Premier ministre. En clair, le clan Kabila a toujours toutes les cartes en main.

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