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Zimbabwe: Robert Mugabe, une dernière «claque au reste de la planète»

Son discours télévisé a fait l’effet d’une bombe au Zimbabwe. A 93 ans, le plus vieux dirigeant en exercice de la planète s’est permis un nouveau bras d’honneur à son pays, en refusant, contre toute attente, de quitter ses fonctions. La presse estime que, cette fois, son pouvoir touche à sa fin.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Robert Mugabé à la commlission mixte Zimbabwe-Afrique du Sud le 3 octobre 2017 à Pretoria. (Photo AFP¨/Phill Magaakoe)

Je reste «le commandant en chef du pays»… «Je reconnais les problèmes soulevés par les militaires», a-t-il dit dans une allocution télévisée, avant d’ajouter: «Nous devons apprendre à pardonner et à résoudre nos contradictions, réelles ou ressenties, dans un esprit de camaraderie zimbabwéenne.» 

«Mugabe arrogant»
Sa déclaration a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le pays, qui espérait que son régime, lâché par tous ses soutiens, tombe enfin comme un fruit mûr.
«Mugabe arrogant méprise la ZANU-PF (son parti), titre le quotidien Newsday, proche de l’opposition. L’intervention de Mugabe est «totalement hallucinante», s’exclame un autre Zimbabwéen.

La colère gronde dans les rues de Harare: «On dirait qu’il vit dans un autre monde. Il va partir, que cela prenne quelques jours ou quelques semaines», tonne un chauffeur de taxi qui a suivi son allocution à la télévision.

«Le roi est nu»
Désormais, le vieux président ne peut même plus compter sur les anciens combattants de la guerre d’indépendance qui l’ont toujours soutenu durant ses 37 ans de pouvoir sans partage. Ils annoncent de nouvelles manifestations pour le contraindre à partir.

«Epargne d’autres troubles au pays, sinon nous allons ramener le peuple du Zimbabwe dans les rues», lui a lancé devant la presse le très influent chef des vétérans, Chris Mutsvangwa, qui voit désormais en son ancien mentor «un roi nu».

«Une claque au reste de la planète»
Techniquement, il est encore président de la République, mais sans autre pouvoir que son verbe, puisque tout le reste lui a été enlevé, constate l’envoyé spécial du journal Le Monde à Harare. Alors, «il ne lui reste qu’un plaisir: le défi…Renoncer n’est pas Mugabe, certes, mais l’homme est, aussi, un incroyable comédien. Devant les caméras, il incarne le vieillard frêle, la voix chevrotante, les gestes ralentis, Il ne doit être que plus jouissif d’administrer un non gros comme une claque au reste de la planète», écrit Jean-Philippe Rémy.
 
«Les dictateurs ne sont pas éternels»
La presse rappelle qu’à de nombreuses reprises, Robert Mugabe a survécu à des épreuves et a su se maintenir au pouvoir, mais que son sort semble cette fois-ci scellé pour de bon.

«En Afrique, comme ailleurs, les dictateurs ne sont pas éternels. Robert Mugabe a été un héros à l’égal de Nelson Mandela, un espoir et un mythe auquel le monde a voulu croire… Le voici balayé par le vent de l’histoire», écrit La Croix.

Pour ce journal, malgré son baroud d’honneur à la télévision, la succession  de Robert Mugabe au palais présidentiel est acquise. Reste à trouver la forme la plus respectable pour clore le chapitre.

Eviter que le système Mugabe «ne survive à son géniteur»
Pour le journal Le Pays du Burkina Faso, aucun homme, quelles que soient ses qualités réelles ou supposées, n’a le droit de mettre un peuple à sa botte pendant l’éternité. C’est ce phénomène qu’on observe actuellement au Zimbabwe, constate le journal qui met en garde la population zimbabwéenne.

«Au-delà de l’opposition zimbabwéenne, c’est tout le peuple qui doit surveiller la suite des événements comme du lait sur le feu, de manière à ne pas permettre que le système vermoulu de Mugabe ne survive à son géniteur.»

Le sort de Robert Mugabe est désormais entre les mains des députés zimbabwéens qui pourraient lancer une procédure de destitution à son encontre. A moins que l'armée ne l'écarte pour de vrai. Par un coup d'Etat militaire. 

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