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Tunisie : le temps des grandes manœuvres pour les législatives et la présidentielle

Le dépôt des candidatures pour les législatives tunisiennes du 6 octobre 2019 débute le 29 juillet. Rached Ghannouchi, le président du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, devrait être candidat pour la première fois. Ce qui lui permettrait de viser la présidence du Parlement. 

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Un père et sa petite fille préparent le bulletin à mettre dans l'urne lors des élections municipales à Tunis le 29 avril 2018. (REUTERS - ZOUBEIR SOUISSI / X02856)

Les grandes manœuvres ont commencé pour les élections législatives du 6 octobre 2019, alors que le code électoral amendé et adopté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Parlement, n'a toujours pas été ratifié par le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi. Et l'un de ses conseillers a indiqué que ce dernier ne le ferait pas, sans donner de détails. Pour le président de l’instance supérieure indépendante pour les élections, la non-promulgation du code électoral amendé "n'entraîne aucune confusion dans la tenue des prochaines élections législatives et présidentielle (cette dernière aura lieu le 10 novembre, NDLR), et c'est l'ancienne loi électorale qui sera appliquée".

Amendements

En juin, cette loi avait fait l'objet d'amendements polémiques votés par le Parlement. Ceux-ci posent de nouvelles conditions aux candidats. Ils ne doivent pas avoir distribué d'aide directe à des citoyens, ni avoir bénéficié de "publicité politique". Conditions qui auraient pu empêcher une candidature du magnat des médias (il est patron de la chaîne Nessma TV), Nabil Karoui, lequel tire sa popularité de campagnes de charité télédiffusées et est poursuivi pour blanchiment d'argent. Ou encore la candidature de la mécène franco-tunisienne Olfa Terras Rambourg.

L'amendement avait été déposé par le gouvernement en réaction à l'annonce de la candidature de Nabil Karoui à la présidentielle. Avec des élus et d’autres candidats aux scrutins de l'automne, il avait adressé le 14 juillet une pétition au chef de l'Etat pour lui demander de ne pas ratifier ce code électoral et de leur permettre ainsi de participer aux élections. Petite précision : Nabil Karoui, considéré comme "populiste", est actuellement en tête des sondages


Le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, à Tunis le 9 octobre 2018. (HAMMI MOHAMMED/SIPA)

Jeune Afrique évoque d’ailleurs "les petits arrangements" entre le Premier ministre Youssef Chahed, qui pourrait se présenter à la présidentielle, et Rached Ghannouchi lors d’une réunion "discrète". Objectif : l'examen des amendements… A noter que concernant le scrutin législatif, le chef historique du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, est pour la première fois tête de liste dans la circonscription de Tunis, a annoncé le mouvement dans un communiqué.

Rached Ghannouchi à la présidence de l’ARP ?

Bref, les prétendants aux suffrages des citoyens fourbissent leurs armes. En se présentant aux législatives dans la capitale, Rached Ghannouchi viserait ainsi la présidence de l’ARP. Il "semble avoir abandonné définitivement l’idée de se porter candidat à l’élection présidentielle", rapporte le site africanmanager.com. Il a dû lire les sondages qui, pour la présidentielle, lui donnent quelque 3% des intentions de vote, alors que Nabil Karoui obtiendrait 23% des voix…

Pour tunisienumerique, le leader islamiste, âgé de 78 ans, "n’avait plus aucune alternative pour demeurer sur le devant de la scène politique". "Dans quelques mois, il ne sera même plus président de 'son' parti, car le règlement interne lui interdit de briguer un troisième mandat d’affilée", précise le site qui, visiblement, ne l'aime guère.

Pour les législatives, Ennahdha semble moins en difficulté. Toujours selon les enquêtes d'opinion, malgré une baisse spectaculaire (il avait obtenu 27,79% des suffrages en 2014 et 37,04% en 2011), le parti d'inspiration islamiste obtiendrait 15% des intentions de vote, contre 29% à la formation de Karoui, Au cœur de la Tunisie. Pour l’instant, le maintien de son influence et de celle de son leader, passe donc par le Parlement.

Commentaire de Rached Ghannouchi sur les sondages dans une interview à Jeune Afrique (sur abonnement) en date du 30 juin 2019 Les pratiques des instituts de sondage ne sont pas encore au point. Nous avons nos propres chiffres, qui démontrent, eux, qu'Ennahdha bénéficie de la confiance d'une bonne partie des Tunisiens. Comparée aux autres partis, presque tous nés après la révolution, notre formation a un ancrage historique, elle fait partie de l'ADN et du patrimoine d'une partie des Tunisiens. Ennahdha peut donc progresser ou reculer, mais son socle est bien présent, avec plus de 100 000 adhérents". 

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