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Sierra Leone: Julius Maada Bio, un nouveau président sans marge de manœuvre

Avec un taux de participation de 81,1%, les Sierra-Léonais se sont massivement mobilisés pour le second tour de l’élection présidentielle. Julius Maada Bio, candidat de l'opposition, a remporté ce scrutin avec 51,81% des voix. Cet ancien militaire de 53 ans, qui a fait une partie de ses études aux Etats-unis, aura la lourde tâche de reconstruire une économie minée par l’inflation et l’endettement.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Julius Maada Bio prête serment après sa victoire à l'élection présidentielle en Sierra Leone. (Reuters/ Olivia Acland)

Le nouveau président sierra-léonais affirme vouloir faire de l’éducation sa priorité. «Je veux instaurer une éducation primaire et secondaire gratuite pour tous les enfants sierra-léonais», a lancé Julius Maada Bio durant sa campagne. 

Avec son épouse Fatima, il a lancé en 2014 une fondation pour venir en aide aux enfants défavorisés, aux femmes et à la jeunesse. Catholique, il est marié à une musulmane, et est père de quatre enfants.

Sortir de la pauvreté
Mais le principal défi sera économique. Seize ans après une terrible guerre civile qui avait fait 120.000 morts, la Sierra Leone reste à reconstruire. L'économie est toujours pénalisée par une épidémie d’Ebola qui a fait 4000 victimes entre 2014 et 2016 et une corruption endémique.

Malgré un retour de la croissance, le président sortant Ernest Bai Koroma laisse «un pays miné par l'inflation». «Le prix du riz à quintuplé durant son mandat, la dette publique est en hausse et le chômage des jeunes au plus haut», affirme l’économiste Lansana Gbérie.

Durant sa campagne, Julius Maada Bio s'est engagé à réviser les concessions minières et les avantages fiscaux accordés aux compagnies étrangères. Lors d’un débat télévisé, il a qualifié de «supercheries» la plupart des projets soutenus par Pékin, estimant qu’ils n’apportaient «aucun bénéfice à l’économie du pays et à ses habitants».

Dans la dépendance de Pékin
Une trentaine d’entreprises chinoises, basées à Freetown, financent et construisent la quasi-totalité des infrastructures du pays: routes, autoroute, barrages, réseaux d’eau et de télécommunications…

Le pays est également dépendant des prêts à faible taux d'intérêts émis par l'ex-Empire du Milieu. Le président sortant faisait presque chaque mois le chemin de Pékin, pour réclamer un nouveau prêt.

Il sera difficile pour Julius Maada Bio de sortir de cette dépendance. La marge de manœuvre dont dispose le nouveau président semble limitée, d’autant qu’il devra gouverner avec une Assemblée nationale largement dominée par l’opposition. Une première en Sierra Leone.

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