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RDC : l’exclusion du candidat Moise Katumbi suscite malaise et frustrations

A quelques heures de la clôture du dépôt des candidatures pour la présidentielle du 23 décembre 2018, l’opposant congolais Moïse Katumbi ne sera donc pas sur la ligne de départ. Il a pourtant tout tenté, mais s’est retrouvé face au mur dressé par le pouvoir congolais pour lui barrer la route. Pour l’Eglise catholique congolaise, ces élections non inclusives «n’ont plus de sens».
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'opposant congolais Moïse Katumbi, lors d'une conférence de presse à Paris le 17 juin 2017. (Photo AFP/Thomas Samson)

Toutes ses tentatives pour regagner son pays par les airs et par la route sont restées vaines. Il n’a pas pu franchir la frontière zambienne où il a été signalé à deux reprises.

Dans son fief de Lubumbashi, dans le sud-est du pays, ses partisans ne décolèrent pas. La police a procédé à des tirs réels pour les disperser le 6 août, alors qu’ils manifestaient pour réclamer son retour.

L’Eglise catholique dénonce «un traitement ségrégationniste»
La conférence des évêques du Congo est montée au créneau pour dénoncer «un déni identitaire intolérable».  Elle demande aux autorités congolaises de laisser Moïse Katumbi entrer au pays et déposer sa candidature.

«Un tel traitement ségrégationniste ne se justifie point et peut inutilement entraîner des conséquences fâcheuses qu’il faut absolument éviter», estime l’Eglise catholique congolaise.

Elle avait parrainé, fin 2016, l’accord de la Saint Sylvestre qui légitime le maintien au pouvoir du président Kabila au-delà de son deuxième et dernier mandat constitutionnel le 20 décembre 2016. En échange, le pouvoir s’était engagé à organiser des élections équitables.

Son avocat dénonce «une justice aux ordres»
Moïse Katumbi est un ancien proche du président Joseph Kabila et ancien gouverneur de la riche province du Katanga. Il avait quitté le pays en mai 2016 pour des raisons médicales. Puis il avait été condamné, en son absence, à trois ans de prison dans une affaire qui, selon lui, a été fabriquée de toutes pièces.

Il est visé par trois actions judiciaires : accusations présumées de spoliations immobilières, de recrutements de mercenaires et d’acquisition de nationalité italienne. Interrogé par RFI, son avocat, Eric Dupond-Moretti, parle de dossiers totalement «bidonnés». Tout a été fait pour l’écarter de la présidentielle du 23 décembre, affirme-t-il.

«Nous allons, dans les jours à venir, saisir la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Il faut que la communauté internationale sache comment on instrumentalise une justice aux ordres pour que Moïse Katumbi ne participe pas au processus démocratique» dans son pays.

Dans une déclaration reprise par l’AFP, Moïse Katumbi a accusé le président Joseph Kabila de chercher à choisir ses candidats.

«Je voulais participer à ce grand rendez-vous qui est en train d’être gâché par un seul homme qui ne veut pas la paix et la démocratie dans notre pays… Nous n’allons pas l’accepter», a-t il dit.

L’Union africaine veut une élection équitable
Le malaise est perceptible aussi à la Commission de l’Union africaine. Son président, le Tchadien Faki Mahamat, a appellé le 6 août au respect scrupuleux des droits de tous les Congolais.

«Il est crucial de mettre en œuvre des mesures de décrispation appropriées pour créer un environnement propice à une compétition électorale équitable», a réagi le président de la Commission de l’UA.

Les Congolais s’interrogent sur la suite des événements. Ils attendent de connaître, le mercredi 8 août, le candidat qui défendra les couleurs du pouvoir à cette présidentielle du 23 décembre.
 

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