Cet article date de plus de quatre ans.

RDC : arrestation de Vital Kamerhe, soupçonné de corruption

Le directeur de cabinet du président Tshisékedi a été interrogé sur la passation de marchés publics. Son arrestation est intervenue le 8 avril 2020 après une audition de 6h au siège du parquet national.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
A Nairobi, le 23 novembre 2018 : Vital Kamerhe, leader de l'UNC (à gauche), apporte son soutien à la candidature de Felix Tshisekedi de l'UDPS à l'élection présidentielle de décembre 2018. Le président Tshisekedi le nommera directeur de cabinet au lendemain de sa victoire.
 (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Vital Kamerhe, Secrétaire général du président Tshisekedi (RDC) depuis son investiture il y a plus d'un an, a été arrêté et mis en détention provisoire le 8 avril 2020 dans le cadre d'une enquête sur un détournement présumé de fonds publics. Alors que le parquet n'a pas communiqué officiellement les motifs de sa détention, Vital Kamerhe aurait rejeté les accusations portées à son encontre.

A l'issue de son interrogatoire, qui a duré près de 6h, le Secrétaire général de la présidence a été conduit par la police à la prison de Makala, a déclaré à Reuters le chef de la police de la capitale Kinshasa, Sylvano Kasongo.

Lutte contre la corruption

Au cœur de cette enquête se trouve la construction d'une série d'infrastructures censées désengorger le trafic routier de la capitale congolaise. 46 millions de dollars avaient déjà été dépensés en février 2020, sans qu'aucun ouvrage ne soit sorti de terre.

Plusieurs personnes dont un banquier et le responsable d'une entreprise publique ont déjà été placés en détention provisoire dans cette enquête sur le financement du programme dit des "cent jours" du chef de l'Etat. Vital Kamerhe s'est retrouvé en première ligne, car sa fonction de directeur de cabinet lui donne un droit de signature sur les contrats passés au nom de l'Etat. En septembre 2019, son nom avait déjà été cité dans le cadre d'une enquête sur la disparition présumée de 15 millions de dollars.

En conseil des ministres, le 20 février, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende avait souhaité que cette enquête marque "le début du renouveau" de la justice en RDC, "pour un véritable Etat de droit".

Il s'agit d'un revers pour le président Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir en janvier 2019, après avoir promis durant la campagne électorale d'éradiquer la corruption que son prédécesseur à la tête de l'Etat, Joseph Kabila, était accusé d'avoir fait prospérer. Le porte-parole du président Tshisekedi a déclaré que le président ne commentait pas les décisions de justice.

Rivalité politique

Les partisans de Vital Kamerhe, qui ont tenté de se rassembler devant le tribunal, dénoncent eux un règlement de compte politique. Vital Kamerhe, pilier de l'ancien régime Kabila avant de passer à l'opposition en 2010, n'a pas que des amis au sein du pouvoir. Ses ambitions présidentielles pour 2023 agacent la vieille garde des fidèles du président Tshisekedi.

Si Vital Kamerhe a été auditionné, c'est parce qu'il est "non seulement l'ordonnateur des dépenses de la présidence, mais aussi, parce que jusqu'en septembre 2019, c'est lui qui contrôlait d'une main de fer les finances de ce programme", explique-t-on du côté du parquet, tout comme dans les rangs du camp de son allié, Félix Tshisekedi. Pour le mouvement citoyen, la Lucha, ce dossier a "valeur de test " pour le président Tshisekedi et sa volonté affichée de promouvoir un Etat de droit. L'organisation appelle à éviter toute ingérence politique et à respecter la présomption d’innocence de Vital Kamerhe. Pour la Lucha, le peuple congolais sera juge de la manière dont cette affaire sera ou non menée à terme.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.