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Présidentielle en Algérie : les risques d'un passage en force du pouvoir

Le régime algérien mutiplie les arrestations parmi les manifestants et les figures du Hirak, au risque de radicaliser les plus modérés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Manifestation d'étudiants contre la tenue de l'élection présidentielle. Alger, le 17 septembre 2019.  (BILLAL BENSALEM / NURPHOTO)

Le pouvoir algérien a décidé de passer en force en fixant la date de l'élection présidentielle au 12 décembre 2019. Un pari risqué voué à entrer en collision avec le refus exprimé par le mouvement de contestation qui ne faiblit pas au fil des mois. "Gaïd Salah, oublie les élections", "Pas d'élections avec le gang", ont scandé les étudiants dans la capitale le 17 septembre, deux jours après le discours du chef de l'Etat. Les policiers ont procédé à l'arrestation d'une vingtaine d'entre eux.

Dialogue de sourds

Les manifestants réclament, avant tout scrutin, le départ de l'ensemble du système au pouvoir ces dernières décennies. De nombreuses figures de Bouteflika, dont le président par intérim, le chef d'état-major et le Premier ministre, sont toujours aux commandes. 

L'Armée a dit 

"L'Armée ordonne, l'exécuttif exécute, le législatif applaudit et les médias aux ordres font l'après-vente, vantent l'initiative, quelle qu'elle soit", résume un journaliste algérien. 

L'annonce de l'élection présidentielle ne faisait guère de doute depuis la prise de position en ce sens, début septembre, du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Ce militaire est l'homme fort du pouvoir depuis début avril, après la démission forcée d'Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue.

Arrestations 

Les têtes du Hirak, "mouvement" en arabe, qui émergent finissent en prison. Dernier en date, Samir Benlarbi, opposant et figure médiatique. Il est la troisième figure de proue de la contestation a être placée en détention préventive après l'opposant Karim Tabou, écroué le 12 septembre et l'ancien vétéran de la guerre d'indépendance Lakhdar Bouregaâ, incarcéré depuis le 30 juin. Ces deux derniers étant poursuivis pour "atteinte au moral de l'armée".

Comment accepter ce scrutin, alors que des militants sont jetés en prison quelques heures avant l'annonce de la date de la présidentielle?

Kaci Tansaout, coordinateur du Comité national pour la libération des détenus

à l'AFP

Cherche candidat désespérément

Le cauchemar du régime : l'absence de prétendants à la présidentielle. Avant l'été déjà, l'élection prévue le 4 juillet avait dû être annulée, faute de candidats. Or, ce scénario risque de se répéter. Pour l'heure, la plupart des personnalités d'envergure expriment toujours publiquement leur opposition. Principal adversaire d'Abdelaziz Bouteflika en 2004 et 2014, l'ancien Premier ministre Ali Benflis a laissé entendre qu'il pourrait se lancer. Avec une conditition : le départ du gouvernement actuel et son remplacement par des personnalités "crédibles et respectées". 

Autre question : y aura-t-il suffisamment de votants si le pouvoir parvient à organiser le scrutin aux forceps le12 décembre ?

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