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Maroc : des prisonniers sahraouis «dispersés» aux quatre coins du royaume

Depuis Paris, l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique tire la sonnette d’alarme. Elle traite la justice marocaine de «cruelle» pour avoir dispersé des prisonniers politiques sahraouis détenus à Rabat, dans plusieurs prisons du pays. Des détenus considérés au Maroc comme «des criminels de droits commun».
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des Marocains manifestent à Salé le 13 mars 2017 lors du procès des prisonniers saharouis. Ils demandent leur condamnation par la justice marocaine. (Photo AFP/Fadel Senna)

Cette opération vise à «casser leur résistance», affirme l’Association des amis de la RASD qui défend le droit des Sahraouis à l’autodétermination. L’association française fait état du désarroi des familles des prisonniers dispersés aux quatre coins du Maroc «dans des conditions d’incarcération souvent très pénibles : insultes et diffamation pendant les transferts dans des cellules isolées et pour certaines pleines de vermines, sans soins médicaux indispensables».
 
Le groupe dit de Gdeim Izik dans l’œil du cyclone
Cette information, parue dans la presse algérienne, a été confirmée par le président de la Commission nationale sahraouie des droits de l’Homme, Abba Alhaissan. Il appelle l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine à exercer des pressions sur le Maroc pour la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis, y compris le groupe dit de Gdeim Izik qui était détenu à Rabat-Salé.
 
Ce groupe compte 19 prisonniers politiques sahraouis poursuivis pour le meurtre de onze policiers lors du démantèlement du camp sahraoui de Gleim Izik, près de Laâyoune, le 8 novembre 2010. Ils n’ont jamais cessé de clamer leur innocence.


«Une mascarade judiciaire»
Après un procès qui a duré sept mois, la justice marocaine les a condamnés, le 17 juillet 2017, à de lourdes peines de prison allant jusqu’à la perpétuité. Les avocats des prisonniers ont dénoncé «une mascarade judiciaire». Ils affirment que la justice marocaine n’a pas réussi, en sept années, et à l’issue de deux procès, à prouver la culpabilité de leurs clients.
 
«Le procès devant la Cour d’appel de Rabat a consisté à fabriquer un dossier pénal qui n’existait pas», explique Maître Ingrid Metton. Elle dénonce un procès politique au cours duquel les interrogatoires des accusés se sont déroulés «sur la base d’aveux obtenus sous la torture. Il est clair que les accusés ont été condamnés à l’issue d’un procès profondément inéquitable durant lequel ils ont été empêchés d’exercer pleinement leur défense», a-t-elle confié au journal l’Humanité.
 
«Soustraire les prisonniers au sous-comité contre la torture»
Pour les avocats des prisonniers sahraouis, leur dispersion à travers le royaume du Maroc est due à la prochaine visite du sous-comité contre la torture prévue du 22 au 28 octobre.
 
«Les distances rendront impossible la visite de l’ensemble des détenus, alors même que c’est la mission des délégués qui se rendront sur place», a déclaré l’une des avocats, Olfa Ouled, à l’agence de presse sahraouie.
 
Les prisonniers dispersés envisageraient d’entamer une grève de la faim en guise de protestation contre les autorités marocaines qui les considèrent comme des criminels de droit commun.
 
L’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique fait remarquer que leur dispersion «brutale» intervient, au moment où le secrétaire général de l’ONU appelle à la reprise du processus de négociations pour l’autodétermination du peuple sahraoui.

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