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Maroc: Claude Mangin, épouse d’un sahraoui en prison, cesse sa grève de la faim

Epouse française d’un militant indépendantiste sahraoui détenu au Maroc, Claude Mangin a suspendu le 17 mai 2018 une grève de la faim, entamée il y a un mois, pour obtenir le droit de visite de son mari. Auparavant, le chef de la diplomatie française Jean Yves Le Drian avait révélé être intervenu en sa faveur auprès des autorités marocaines.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Affiche de la mairie d'Ivry représentant Claude Mangin interdite de visite de son mari Naâma Asfari, un indépendantiste sahraoui, détenu par les autorités marocaines depuis 2010. (Mairie d'Ivry)

Française de 62 ans, professeure d’histoire-géographie à Ivry, Claude Mangin-Asfari a mis fin le 17 mai 2018 à une grève de la faim entamée il y a trente jours. Objectif de ce «jeûne de la résistance»: obtenir le droit de visite de son mari, l’indépendantiste sahraoui Naâma Asfari, détenu au Maroc depuis 2010.

Quatre expulsions et une grève de la faim 
Il avait été arrêté à Laayoune, principale ville du Sahara occidental, un jour avant le démantèlement du Camp de Gdeim Izik. Un camp édifié aux abords de la ville pour dénoncer le traitement réservé aux Sahraouis par les autorités marocaines dans ce territoire contesté.
 
Le démantèlement avait dégénéré et, selon Rabat, onze membres des forces de l'ordre avaient été tués. Naâma Asfari avait été condamné à 30 ans de prison par une cour militaire pour association de malfaiteurs et homicides volontaires, après un procès «inéquitable» et des aveux obtenus sous la torture, selon sa défense.
 
Marié à Naâma depuis octobre 2003, Claude Mangin parvient à lui rendre visite en décembre 2010 en prison. Mais depuis octobre 2016, les autorités lui interdisent l’entrée sur le territoire marocain.
 
Après quatre expulsions, la dernière datant du 16 avril 2018, l’enseignante française entame son jeûne pour exiger le respect de ce droit de visite. Au 29e jour de grève de la faim, elle fait le point sur son état de santé: «Je suis couchée, frigorifiée sous les couvertures avec une bouillotte. Mon rythme cardiaque a beaucoup baissé, ma tension aussi», dit Claude Mandin à Marion Kremp du Parisien, précisant faire le même poids qu’à ses 12 ans.
 
Interventions officielle et personnelle de Le Drian auprès du Maroc
Son état inquiète toutefois les élus communistes de l’Assemblée qui la soutiennent. L’un d’entre eux, Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime, interpelle même le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, sur son sort lors de la séance de questions au gouvernement du 15 mai.
 

«A plusieurs reprises, des démarches ont été effectuées auprès des autorités marocaines afin de les sensibiliser sur le cas de Mme (Claude) Mangin et de solliciter immédiatement la possibilité pour elle de se rendre au Maroc pour simplement rendre visite à son mari», a répondu ce dernier.
 
Affirmant que la France suivait de «très près ce dossier», le chef de la diplomatie française a précisé être lui-même «intervenu plusieurs fois, non seulement officiellement mais aussi personnellement, auprès de mon collègue marocain».
 
Il a enfin indiqué que le président Emmanuel Macron, le Premier ministre Edouard Philippe et lui-même étaient «régulièrement tenus informés» de sa situation.

Le pape François saisi de «cette affaire humanitaire urgente» 
Le lendemain, Romain Marchand, l’adjoint au maire d’Ivry dont elle est citoyenne d’honneur, l’a appelée solennellement lors d’une conférence de presse à cesser sa grève de la faim pour ne pas mettre sa vie en danger.
 
Même demande, lors de cette conférence, de la part de Monseigneur Rault, évêque émérite de Laghouat-Ghardaïa, qui en a appelé à l’Elysée et indiqué qu’«une lettre a été remise au pape François. Les plus hautes autorités de l’Eglise sont saisies de cette affaire humanitaire urgente.»
 
En dépit de sa détermination, Claude Mangin qui a suivi les questions au gouvernement depuis son lit à Ivry, en raison de son affaiblissement, a accepté de suspendre son mouvement de grève.
 
«C'est un geste d’apaisement de sa part», explique Régine Villemont, présidente de l’Association des amis de la République Sahraouie et responsable du comité de soutien à Claude Mangin.
 
«Elle répond ainsi à plusieurs appels, dont celui de Monseigneur Rault, pour calmer le jeu. Elle sait désormais que des négociations ont lieu avec le directeur de la cellule Afrique du Nord du Quai d’Orsay et que cela pourrait donner davantage d’arguments pour convaincre les autorités marocaines de lui accorder ce droit de visite», a-t-elle expliqué.

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