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Mali: difficile retour à la paix des mouvements armés touaregs

La paix est toujours fragile au Mali. Les attentats se succèdent, visant les lieux touristiques ou les casques bleus de l’ONU. Le pouvoir tente de mettre en œuvre l’accord de paix et de convaincre les groupes touaregs de travailler ensemble à la sécurité. Une tâche ardue.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des combattants touaregs de la CMA réunis près de Kidal, dans le nord du Mali, le 28 septembre 2016. (Stringer/AFP)

L’accord de paix a été signé en juin 2015, d’abord à Alger où se déroulaient les pourparlers, puis à Bamako. Pas moins de six mouvements touaregs ou arabes font partis des signataires avec le pouvoir de Bamako. Cet accord de paix fragile tente une union nationale, exercice qui n’est pas forcément dans les gènes de tous les signataires.

Par  cet accord, les autorités intérimaires sont lentement mises en place à Tombouctou ou Gao. Mais malgré une conférence d’entente nationale à Bamako en mars 2017, les rivalités entre les groupes armés signataires freinent le processus. Les rivalités «entretiennent un climat de tension et d’insécurité peu propice aux avancées», reconnaît le commandement de la force Barkhane.
 
Blocus et occupation
Ainsi fin 2016, la Coordination des mouvements et Forces patriotiques de résistance, une faction touareg, a décidé le blocus de Gao. Il s’agissait d’empêcher le passage de groupes armés venus participer aux patrouilles mixtes dans la région. La Minusma n’a pu que constater l’état de fait et attendre. Or, le système des patrouilles mixtes, à savoir associer les groupes touaregs aux forces nationales, est un des piliers du retour à la paix.
 
«Le Mali peine à asseoir son autorité sur l’ensemble de son territoire. La cité interdite (Kidal, NDLR) est toujours à la merci des groupes terroristes et narcotrafiquants. Pire, l’insécurité s’est étendue sur le centre du pays, avec tous les jours son lot de morts», écrit Jean Goïta dans La lettre du Peuple.

En septembre 2016, des affrontements ont opposé des factions touaregs rivales dans le nord du Mali (AFP)
 
A Kidal, la ville du Nord, symbole de la rébellion dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, l’administration malienne n’est toujours pas revenue. Les rebelles de la CMA ont finalement lâché la ville il y a peu. Aussi, appuyé par un contingent de 600 soldats, le nouveau gouverneur devrait enfin s’y installer fin juillet, et lancer dans la foulée les fameuses patrouilles communes. A moins que cet aménagement ne soit une nouvelle fois reporté, comme en février dernier, les rebelles de la CMA appelant à la guerre, selon Malinet.
 
Le MOC, pilier de la paix
L’appellation barbare de «Mécanisme opérationnel de coordination» (MOC) masque l’élément de base du retour à la concorde nationale. En fait, il s’agit de faire travailler ensemble l’armée du Mali (FAMa), les groupes Touaregs, les mouvements arabes. Ces entités auront à assurer la sécurité des personnes dans les trois régions du nord du pays. Pour le gouverneur de la région de Gao, Seydou Traoré, «le démarrage des patrouilles, c’est le retour de la paix qui s’annonce».

Pourtant, à Gao, la mise en route du MOC s’avère très compliquée. Le commandant adjoint de la Minusma, le général Amadou Kane évoque même une «situation particulièrement préoccupante» lors d’une visite le 19 juin 2017, Cité des Askias à Gao. «Le MOC est aujourd’hui considéré comme un facteur d’insécurité dans la ville de Gao. Tout doit être mis en œuvre pour construire des relations de confiance et faciliter la communication avec les populations», a-t-il lancé. Le patron de Barkhane, le colonel Didier, enfonçait le clou en encourageant le MOC à entreprendre des activités civilo-militaires pour instaurer la confiance.

Manque de confiance, manque de communication
Il est difficile en effet pour la population d’entrevoir comme protecteurs des groupes armés autrefois dans le camp ennemi. La gestion des combattants, notamment ceux qui n’ont pas le statut de militaire, semble problématique. La population dénonce ainsi les exactions commises par des membres du MOC. «Si on entend parler du MOC, c’est qu’ils ont volé quelque part», fustige Issa Boncana Maïga, vice-président du Conseil régional des jeunes.

L’attentat dont a été victime le camp de Gao, le 18 janvier 2017, et qui a fait 60 morts n’a pas arrangé les choses. Le renforcement de la sécurité et la suspicion des soldats n’aide pas la communication avec la population.
L’allergie légendaire des Touaregs à l’autorité centrale ne facilite pas les choses.

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