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Libye : un an de guerre fratricide et le pire est à craindre avec le coronavirus

Les combats se sont intensifiés au sud de Tripoli et à l'est de Misrata, faisant fi de la menace du coronavirus. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les forces du gouvernement d'union nationale, opposées à celles du chef de guerre Khalifa Haftar, portent des masques pour se protéger du coronavirus, à Tripoli le 25 mars 2020. (AMRU SALAHUDDIEN / ANADOLU AGENCY)

Combats meurtriers, déplacés par dizaines de milliers et production pétrolière à l'arrêt : la Libye subit depuis un an une guerre d'usure entre ses pouvoirs rivaux, aux portes de la capitale Tripoli, et le pire est à craindre avec la pandémie du nouveau coronavirus. 

Nous assistons simplement à la décimation d'une nation

Jalel Harchaoui, analyste à l'Institut Clingendael

à l'AFP

Le 4 avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar, installé dans l'est du pays et qui tient sa légitimité du Parlement élu en 2014, lance une offensive pour s'emparer de Tripoli, où est basée une autorité rivale reconnue par l'ONU, le gouvernement d'union nationale (GNA).

Mais loin de l'offensive éclair promise par Khalifa Haftar dans le sillage des conquêtes territoriales dans le Sud libyen, les combats se sont enlisés dans les sables de la Tripolitaine, aux portes d'une agglomération de deux millions d'habitants.

Ingérences étrangères

Au fil des mois, les ingérences armées étrangères ont même exacerbé ce conflit, avec d'un côté les Emirats arabes unis et la Russie soutenant le maréchal Haftar, et de l'autre la Turquie appuyant le GNA. A son tour, l'expérimenté émissaire de l'ONU Ghassan Salamé a fini par jeter l'éponge début mars, après l'échec de ses tentatives pour pacifier ce pays pétrolier plongé dans le chaos et livré aux milices depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Fin janvier à Berlin, les pays concernés se sont engagés à respecter un embargo sur les armes et à soutenir un cessez-le-feu. Une énième promesse non tenue de la part d'une communauté internationale qui, de l'avis général, porte une lourde responsabilité dans la situation : très vite, l'ONU a dénoncé un afflux continu d'armes et de mercenaires.

Le GNA reçoit encore des renforts humains et des armes de Turquie. Les pro-Haftar bénéficient d'une aide militaire, dont des drones, et financière surtout, des Emirats, devenu un acteur clé dans le conflit.

"Conditions dramatiques" 

Ces jours derniers, le GNA a annoncé une contre-offensive "Tempête de la paix", et les combats se sont intensifiés au sud de Tripoli et à l'est de Misrata, faisant fi de la menace du coronavirus et d'une énième trêve endossée par les deux camps.

D'après l'analyste Jalel Harchaoui, la lutte contre la pandémie du Covid-19 a même "exacerbé cette escalade", en détournant de la Libye l'attention de la communauté internationale. Sur ce front sanitaire, le GNA a annoncé jusque-là 10 cas de contamination.

Et la situation devient "insupportable" pour les plus de 150 000 déplacés par les combats, particulièrement démunis en cas de propagation du nouveau coronavirus.

J'ai beaucoup de mal avec les toilettes communes où, très souvent, il n'y a ni eau ni savon. Ma famille et moi vivons dans des conditions dramatiques

Fatma Kairi, 50 ans, diabétique

à l'AFP

Selon l'ONU, "les combats, mais aussi les mesures de confinement dues au Covid-19, entravent l'accès humanitaire et la libre circulation du personnel médical et humanitaire" en Libye.

Les dizaines de milliers de migrants d'Afrique subsaharienne en pâtissent aussi, comme Benjamin Koffee, qui vivote en Libye depuis 2013. 

Déjà, avec la guerre, notre vie n'était pas facile à Tripoli, et avec le coronavirus, je ne peux même plus travailler pour avoir de l'argent et acheter à manger

Benjamin Koffee, plombier ghanéen

à l'AFP

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