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Libye: les élections prévues par l’ONU et la France reportées au printemps 2019

Mettant fin à l’incertitude qui prévalait jusque là, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Libye a annoncé de manière très laconique le report du calendrier électoral au printemps 2019. Cette décision intervient quatre jours avant le sommet parallèle de Palerme organisé par l’Italie pour tenter de sortir le pays du chaos.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
L'émissaire spécial de l'ONU, Ghassan Salamé, intervenant en visioconférence à la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Libye, le 8 novembre 2018 à New York. (Photo ONU/Eskinder Debebe)

C’est par visioconférence depuis Tripoli que l’émissaire spécial de l’ONU pour la Libye a annoncé un changement du calendrier électoral censé mettre fin à l’anarchie régnant dans le pays depuis 2011.

Ebauche d'un nouveau calendrier pour sortir de l'impasse 
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays, le 8 novembre 2018, Ghassan Salamé s’est lancé dans un bilan sécuritaire après les affrontements inter-milices du mois de septembre, appelant à la fin de l’impunité pour ce genre d’agissements.
 
«Le phénomène des hommes armés qui agressent des installations médicales et des professionnels de santé, extorquent de l'argent à des institutions financières et des femmes qui font la queue pour obtenir des services bancaires est immoral, illégal et criminel. Cela doit cesser immédiatement», a déclaré le diplomate Onusien.
 
Estimant que le conflit libyen était «en grande partie un conflit concernant les ressources et, tant que cela n’est pas résolu, la stabilité restera insaisissable», il a ébauché un nouveau programme de stabilisation de la situation.
 
Il a jugé «important» qu’une Conférence nationale rassemblant un groupe largement représentatif de Libyens se réunisse sans ingérence extérieure au cours des premières semaines de 2019 pour concevoir une issue à l’impasse actuelle, et que le processus électoral devait suivre au printemps.
 
Exit donc la date du 10 décembre pour la tenue d’élections générales sur laquelle les parties au conflit s’étaient engagées auprès de l’ONU et la France lors de la réunion organisée par Emmanuel Macron à Paris le 29 mai 2018.

Rivalité entre Paris et Rome sur le dossier 
Le président français avait réussi en effet à réunir autour d’une table le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, Aguila Saleh Issa, président du parlement exilé à Tobrouk, Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement libyen basé à Tripoli et Khaled Mechri, président du Conseil supérieur d'Etat siégeant lui aussi dans la capitale, mais sans grand résultat.
 
Ce changement de calendrier intervient alors que l’Italie s’apprête à accueillir les 12 et 13 novembre prochains une conférence internationale sur la Libye à Palerme en Sicile.
 
En rivalité avec Paris sur le dossier libyen, Rome avait lancé son initiative en juillet dernier. En visite à Washington où il a été reçu à la Maison Blanche, le nouveau président du Conseil italien, Giuseppe Conte avait surpris tout le monde. «En accord avec le président Trump, je vais organiser une conférence sur la Libye», avait-il déclaré, avec pour objectif «d'avoir des élections démocratiques dans un contexte de stabilité essentielle.»
 
Même si la présence de la France à cette conférence reste incertaine, le gouvernement italien a fait savoir que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, le président du gouvernement russe Dmitri Medvedev et la chancelière allemande Angela Merkel seront présents, tout comme des «hauts représentants du gouvernement égyptien», grand partisan du général Khalifa Haftar.

Al-Sarraj souhaite une unification des positions à Palerme
Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, avec la Conférence de Palerme, l’Italie souhaite aboutir à un accord entre le Maréchal Haftar à Benghazi et le chef du gouvernement internationalement reconnu Fayez al-Sarraj à Tripoli.
 
Dans un entretien exclusif accordé à l’AFP, ce dernier a souhaité que la Conférence de Palerme débouche «sur une vision commune vis-à-vis du dossier libyen».
 
Déplorant «les interventions négatives de certains pays»  sans les nommer  en Libye, le chef du gouvernement d’accord national (GNA) a «salué» les efforts de la France pour réunir les belligérants et regretté que les engagements lors de la réunion de Paris n’aient pas été tenus.
 
Concernant la rivalité entre Paris et Rome, il a souligné «la nécessité d'unifier les positions» des deux pays «de telle sorte qu'il n'y ait plus de points de discorde» entre eux. «Il faut unifier la position (de la communauté) internationale vis-à-vis de la Libye», a-t-il dit.
 
Quant à la question de savoir quel délai était nécessaire pour la tenue d'élections, il a estimé que «toute mention de date pour les prochaines élections sans la mise en place d'un cadre constitutionnel reste une sorte de vœu pieux».

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