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Les migrants subsahariens retrouvent la route des Canaries

Depuis quelques mois, des naufrages ou des incidents impliquant des bateaux de migrants se multiplient le long de la côte atlantique, du Maroc au Sénégal. Tout laisse à penser que la «route des Canaries» est de nouveau plébiscitée par les candidats à l’exil. L’archipel espagnol est en effet une porte d’entrée vers l’Europe.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une vedette des gardes-côtes espagnols en mission dans le détroit de Gibraltar. (MORENATTI/EFE AGENCIA/SIPA)

Le 18 août 2018, une pirogue s’est échouée sur une plage de la corniche de Dakar. Vraisemblablement, l’embarcation a été malmenée dans une mer démontée, et commençait à prendre l’eau. A bord avaient pris place 140 migrants. Ironie du sort, la pirogue s’est échouée près d’un poste de police, et les appels au secours ont alerté les forces de l’ordre. 39 migrants ont été arrêtés, mais le pilote de l’embarcation s’est évaporé dans la nature avec les autres passagers.
 
L’analyse de la cargaison laisse peu de doute sur la nature du trajet : 51 bidons de carburants (3000 litres en tout), des vivres et bien sûr beaucoup d’eau. Selon les autorités, ces migrants auraient appareillé de Gambie, et partaient pour la traversée vers les îles Canaries.
 
Les incidents de ce type se multiplient ces derniers mois. Echouages ou pannes en mer se répètent en Mauritanie. Les migrants longent la côte africaine avant de virer et de mettre le cap vers les îles Canaries. En début d’année, cinq cadavres ont été retrouvés dans une embarcation dérivant à une vingtaine de mètres des côtes de l’île de Lanzarote dans l’archipel des Canaries. D’autres occupants avaient débarqué et ont été arrêtés plus tard.
 
L'Espagne porte d'entrée 
Selon les chiffres de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et  de garde-côtes, le flot des migrants traversant la Méditerranée a très nettement baissé. 43 % de moins par rapport aux 7 premiers mois de 2017, avec 73.500 migrants. Du coup, la route occidentale par l’Espagne est désormais l’itinéraire majeur, en raison notamment des contrôles renforcés en Méditerranée centrale. Le nombre de migrants par cette route a quadruplé d’une année sur l’autre, atteignant 23100 pour les 7 derniers mois de 2018, dont 8800 pour le seul mois de juillet.
 
La migration via l’archipel espagnol des Canaries, à une centaine de kilomètres de la côte africaine a été la route principale au milieu des années 2000. Mais le renforcement des contrôles sur l’Atlantique et le délitement de l’Etat libyen avaient ensuite changé la donne. L’Espagne, lourdement touchée par la crise économique n’était plus l’eldorado espéré. Les passeurs avaient alors préféré l’axe de la Méditerranée centrale.

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