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Le "Hirak" au temps du Coronavirus : les appels à la suspension du Mouvement se multiplient en Algérie

Faut-il continuer à manifester tous les vendredis et mardis malgré l’épidémie ? La question divise les Algériens.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Manifestation antigouvernementale à Alger, le 13 mars 2020.  (BILLAL BENSALEM / NURPHOTO)

"Je veux dire à mes frères et sœurs du Hirak que nous ne sommes pas en quête d’une instrumentalisation politique à l’instar de certains. Toutefois, je leur dis, soyez vigilants car il y va de votre santé et de votre vie", invite le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, sans aller jusqu’à interdire les manifestations. L'Institut Pasteur d’Algérie a recensé 48 cas de Coronavirus et 4 décès, bilan établi dimanche 15 mars à 13 heures. 

La parole officielle est décrédibilisée en Algérie, un fossé abyssal sépare le pouvoir et une partie de la population. La menace du Covid-19 partage le Hirak : Front politique et discorde sanitaire !, titre le quotidien Reporters. C'est dans ce climat de défiance que les appels à la continuité du Mouvement (Hirak) ou à sa suspension s'affrontent.

"La bonne attitude, la seule"

Pour le journaliste Saïd Djaâfer, le Hirak est assez "intelligent" pour décider d'une suspension. "Mettre fin aux marches n’est pas une défaite, ce n’est pas concéder une victoire du pouvoir sur le Hirak, loin s’en faut. Beaucoup l’ont dit et écrit et on ne peut que le répéter : le Hirak a déjà gagné l’essentiel en mettant à nu, grâce à son insurrection pacifique et intelligente, la monstrueuse corruption du régime et de ses hommes", note-t-il. "Et c’est parce que ce Hirak nous a déjà changés que nous devons, sans hésiter, prendre la décision de ne pas nous mettre en danger et de ne pas mettre en danger nos familles, nos voisins. Nous devons le faire parce que c’est tout simplement la bonne attitude à prendre, la seule, et parce que toutes nos valeurs nous l’enseignent", poursuit-il sur le site RadioM

"Plutôt le coronavirus que vous !"

Pendant les manifestations du 56e vendredi, plusieurs manifestants ont brandi des pancartes faisant le lien entre Covid-19 et la contestation populaire. Inconscience pour les uns, détermination pour les autres. Le slogan "Plutôt le coronavirus que vous !" dit toute la défiance pour ce régime illégitime pour les manifestants. 

La fièvre s'est emparée des réseaux sociaux.

L'écrivain Yasmina Khadra appelle le Hirak à observer une trêve, dans un post Facebook. "Il doit appeler les Algériens à ne pas prendre de risques inutiles aux conséquences dramatiques. Les marches hebdomadaires constitueraient des facteurs évidents de la propagation du coronavirus. Les rassemblements, de toutes natures, sont un véritable péril. Soyons raisonnables, soyons responsables et soyons solidaires pour empêcher la pandémie de s'attaquer à ce que nous avons de plus cher et de plus précieux : la santé de notre nation, la vie de chacun de nous."

Les appels à la suspension des marches seront-ils entendus ? Y aura-t-il un 57e vendredi de contestation ? Réponse le 20 mars. 

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