Cet article date de plus de quatre ans.

Le Burkina Faso élit son président après une campagne ouverte, mais dans un contexte sécuritaire tendu

Les débats de la campagne ont eu lieu sans violence et avec une liberté d'expression dont se réjouissent les observateurs locaux. Mais le jihadisme reste un sujet d'inquiétude majeur et de divisions.

Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La préparation des élections générales à Ouagadougou (Burkina Faso), samedi 21 novembre 2020. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Le Burkina Faso vote dimanche 22 novembre pour élire à la fois son président et les 127 députés de l’Assemblée nationale. Près de 7,8 millions d’électeurs sont appelés à voter (deux millions de plus qu’il y a cinq ans). Des problèmes d'insécurité liés au terrorisme risquent de limiter la participation dans certains territoires, mais la campagne électorale s'est plutôt bien déroulée.

Un pays apaisé sur le plan politique

Alors que dans plusieurs pays africains voisins, les élections entraînent violences et colère, au Burkina Faso, le climat politique est resté pacifique. La commission électorale a validé l’ensemble des candidatures : 13 candidats, dont une seule femme. Majorité et opposition ont pu mener campagne et faire entendre leurs arguments.

Surtout, la liberté d'expression a nettement progressé dans le pays en cinq ans, explique Saodo Adamar, qui soutient le président sortant Roch Marc Christian Kaboré : "Franchement, ça fait longtemps que je n'ai vu une campagne aussi ouverte et les acteurs jouent très bien leur rôle. Vous savez qu'on est sortis d'une insurrection et durant les cinq ans de ce président-là, on n'a vu personne emprisonné pour des questions de liberté, affirme Saodo Adamar. Les gens savent qu'ils peuvent mener tranquillement la campagne comme ils veulent, sans être inquiétés. Et ça, c'est important, parce que ça n'a pas toujours été ainsi."

"Avant, on faisait attention à ce qu'on disait. Cette liberté d'expression, je peux dire qu'on l'a aujourd'hui."

Saodo Adamar

à franceinfo

La campagne officielle à la télévision s’est, elle aussi, bien déroulée. Les meetings dans les 13 régions du pays ont pu avoir lieu sans soucis. C’est un pays apaisé qui se prépare à choisir son nouveau président pour les cinq ans à venir.

Le jihadisme préoccupe les citoyens et divise les candidats

Mais si le Burkina Faso est un pays apaisé démocratiquement, il reste en proie à une crise sécuritaire importante, avec la progression des jihadistes dans une grande partie du territoire. C’est le sujet qui agite et divise la campagne. Elle s’est même interrompue 48 heures la semaine dernière, après une attaque qui a tué 14 militaires dans le nord du pays.

Le terrorisme islamiste préoccupe les habitants, qui attendent de leur futur président qu'il fasse revenir la paix. Doit-on, oui ou non, négocier avec les terroristes pour y parvenir ? Cette question opère un clivage net entre les candidats. "Sur cette question, on a peut-être trois types d'opposition, explique le politologue Abdoul Karim Saidou, de l’université Thomas Sankara. Ceux qui disent 'Si je suis président du Faso, je vais commencer la négociation.' C'est le cas de Yéli Monique Kam, la seule femme candidate, de Pascal Sessouma et du candidat du CDP, Eddie Komboïgo. Vous avez d'autres candidats qui disent 'quand je serai président du Faso, je vais analyser la situation et je verrai'. Et puis, il y a ceux qui disent, comme Roch Marc Kaboré, 'il n'est pas question de négocier avec les groupes terroristes'."

Autre débat la campagne : la réconciliation nationale. Il s’agit de savoir si l’ancien président destitué et en exil depuis 2014, Blaise Compaoré, peut revenir. Dans l’ensemble, tout le monde semble dire oui, mais à condition qu’il accepte d’être jugé, expliquait lors de son dernier meeting l’actuel président Roch Kaboré.

Samedi, plusieurs candidats de l'opposition ont dénoncé des risques de fraude, menaçant de ne pas reconnaître les résultats.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.