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La police du Malawi accusée d'avoir exécuté sommairement des criminels, selon une ONG

"28 personnes ont trouvé la mort dans des conditions suspectes", affirme le Centre for Human Rights Education Advice and Assistance.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Policiers à Lilongwe, capitale du Malawi, le 26 juin 2019 (AMOS GUMULIRA / AFP)

La police du Malawi s'est livrée ces dernières années à une série d'exécutions sommaires dans le cadre d'une campagne systématique qui lui a permis "d'éliminer" une trentaine de criminels endurcis, affirme un rapport du Centre for Human Rights Education, Advice and Assistance (CHREAA), centre d'éducation, de conseil et d'assistance en matière de droits de l'Homme. "S'appuyant sur l'histoire du Malawi en matière d'oppression et d'atteinte aux droits humains", le CHREAA est une ONG "qui a pour but de combattre l'ignorance qu'ont les communautés marginalisées vis-à-vis de leurs droits et de leur rendre le système judiciaire accessible", explique son site.

La police dit avoir ouvert une enquête et la médiatrice est saisie

L'ONG a passé en revue le cas de 43 anciens détenus, morts dans des conditions suspectes après avoir accompli des peines de prison pour des crimes tels que des vols à main armée. "Notre enquête a confirmé que 28 d'entre eux avaient été tués par la police", a-t-elle affirmé. Selon elle, la mort de trois de ces détenus a été maquillée en accident de la route.

Le porte-parole de la police, James Kadadzera, s'est refusé à tout commentaire immédiat sur ce rapport. Sa direction a cependant ouvert une enquête sur ces allégations.

"Il nous apparaît important que la médiatrice puisse mener une enquête approfondie pour déterminer comment 28 personnes ont trouvé la mort dans des conditions suspectes", a déclaré à l'AFP, le 15 décembre 2019, un représentant du CHREAA.

La médiatrice du Malawi, Martha Chizuma, à son bureau à Lilongwe le 9 septembre 2019 (AMOS GUMULIRA / AFP)
Au Malawi, le médiateur (ombudsman) de l'Etat, nommé par les députés pour un mandat de cinq ans, est chargé, selon la Constitution du pays, d'"enquêter sur tous les cas où il existe des allégations qu'une personne a subi des injustices et où il ne semble pas qu'il y ait de recours raisonnable par voie d'appel devant un tribunal, ou quand il n'y a pas d'autre recours possible". L'ombudsman actuel est une femme, Martha Chizuma, une magistrate de 40 ans. Les "investigations tous azimuts (de Martha Chizuma, NDLR) ont fait de sa fonction le fer de lance du combat contre la corruption qui gangrène son petit pays pauvre d'Afrique australe et, aussi, contre l'impunité dont continuent à largement bénéficier ceux qui le dirigent", rapporte le site Voice of Africa

Accusations de viols

Les pratiques de la police malawite avaient déjà défrayé la chronique en octobre. Plusieurs de ses agents avaient alors été accusés d'agressions sexuelles et de viols contre des manifestantes dans la capitale, Lilongwe, et dans la ville proche de Msundwe (centre). Ces personnes manifestaient dans le cadre de défilés de l'opposition. Laquelle "dénonce la réélection, à (ses) yeux frauduleuse, du président sortant, Peter Mutharika, le 21 mai", rapporte Le Monde. Ces manifestations ont donné lieu à de violents affrontements. Peter Mutharika, 79 ans, accusé de corruption en 2018, avait été réélu de justesse.  

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