Des Congolais mettent en garde le pouvoir contre une nouvelle intervention militaire régionale en RDC
Le projet fait polémique au sein même de la coalition au pouvoir à Kinshasa. Certains Congolais redoutent le risque d'une nouvelle occupation de leur pays par des armées étrangères.
Des documents émanant de l'Etat-major de l’armée congolaise circulaient déjà sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, sans que l’on puisse attester de leur authenticité. Il y était question d’une série d’opérations militaires conjointes que prépareraient les armées rwandaise, burundaise, ougandaise, tanzanienne et congolaise pour éradiquer les nombreux groupes armés actifs dans l'est de la RDC.
"On a peur que ça dégénère"
L’information semble se confirmer au lendemain d’une réunion, qui a regroupé de hauts responsables militaires de ces pays à Goma, chef-lieu de la province congolaise du Nord-Kivu, où sévissent de nombreux groupes armés. Les détracteurs de ce projet dénoncent une opération qui risque de se solder par une nouvelle occupation de leur pays par ses voisins.
Une bêtise qu'il faudra absolument éviter est celle d'autoriser l'entrée des troupes rwandaises, ougandaises et burundaises en RDC
Juvénal Munubo, député de la coalition au pouvoirà l'AFP
Elu du territoire de Walikale dans le Nord-Kivu, ce député estime que l’apport des voisins de la RDC doit se limiter à l’échange des renseignements pour combattre les différents mouvements rebelles locaux et étrangers présents dans la région. Pas question d’opérations conjointes, insiste-t-il. "On a peur que ça dégénère sur le sol congolais surtout que ces armées ne s’entendent pas entre elles. Vous savez qu’il y a des tensions entre le Rwanda et l’Ouganda. Entre le Burundi et le Rwanda. Comment des pays, qui ne s’entendent pas, pourraient nous aider à faire la paix", interroge le député Juvénal Munubo.
"L’histoire de notre pays devrait nous assagir"
A Kinshasa, des Congolais inquiets s’interrogent sur les contours de cette opération qui suscite méfiance et suspicion au sein de l’assemblée nationale congolaise. Des parlementaires veulent en savoir plus et multiplient les mises en garde. Ces armées qui viendront, quand est-ce qu'elles partiront de notre pays ?, demandent-ils.
"Je pense que l’histoire que nous avons tous vécue dans ce pays devrait nous assagir et ne pas nous autoriser à faire n’importe quoi", a mis en garde le président du Sénat, Alexis Thambwé Mwamba, qui a inscrit la question à l’ordre du jour.
Deux guerres dévastatrices ont déjà ravagé la RDC ces dix dernières années. Kinshasa a toujours accusé ses deux voisins, le Rwanda et l'Ouganda, de vouloir le déstabiliser, alors que ces derniers considèrent la RDC comme base arrière des mouvements rebelles hostiles à leurs régimes.
L’embarras des casques bleus de l’ONU
La perspective d’une opération militaire régionale dans l’est de la RDC a plongé dans l’embarras la mission des Nations unies déployée dans le pays. La Monusco rappelle que ses 17 000 casques bleus n’ont "pas de mandat pour soutenir les armées étrangères" qui se préparent à intervenir dans la partie orientale. Pour l’instant, les états-majors des armées concernées se sont gardés de fournir le calendrier des opérations sur le terrain. "Pour ne pas faire la part belle à l’ennemi", a déclaré à la presse le porte-parole de l’armée congolaise, le général Léon Richard Kasonga.
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