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Cinq clés pour comprendre le Nigeria, où règnent pauvreté, insécurité et corruption

La moitié de la population de ce géant africain, première puissance économique d'Afrique, vit avec moins de deux dollars par jour.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Vue générale du quartier central des affaires de Lagos, capitale économique du Nigeria, février 2019. (NYANCHO NWANRI / X06855)

Enlevés en juin 2021 à Manawa, au nord-ouest du Nigeria, une centaine de villageois ont été libérés le 20 juillet après 42 jours de captivité. Un kidnapping de masse contre rançon avait déjà eu lieu dans la même région dans la nuit du 25 au 26 février 2021. Et une semaine auparavant, 42 enfants avaient été enlevés dans l'Etat de Niger, dans le centre-ouest du pays, ainsi que plus de 300 garçons début décembre 2020 à Kankara dans l'Etat de Katsina. Alors que le Nigeria est la première puissance économique du continent, le pays n'arrive à juguler ni l'insécurité, ni la pauvreté, ni la corruption. Retour sur le plus grand pays d'Afrique de l'Ouest. 

Le pays le plus peuplé d'Afrique

La République fédérale du Nigeria fait une fois et demi la France et compte plus de 210 millions d’habitants en 2021.

Le pays est divisé entre un Sud, majoritairement chrétien abritant la capitale économique Lagos, et un Nord à dominante musulmane où se trouve la capitale administrative Abuja. Le Nigeria est un pays multiethnique avec 250 communautés, mais les ethnies les plus importantes sont les Haoussas (nord), les Yoroubas (sud-ouest ) et les Igbos (sud-est). 

Carte du Nigeria (CAPTURE ECRAN DE GOOGLE MAPS)

Une évolution chaotique

Depuis son indépendance en 1960, le Nigeria a connu une succession de coups d’Etat, de régimes militaires et une guerre (Biafra) qui a fait en trois ans plus d’un million de morts en raison notamment de la famine. Ce n’est qu’en 1999 que le pays ouest-africain entame sa transition démocratique avec l’élection d’un ancien général et la promulgation d'une nouvelle Constitution. Ces deux événements majeurs ouvrent la voie à un régime présidentiel et fédéral inspiré des Etats-Unis. La Fédération compte 36 Etats autonomes. 

Un pays riche et plus de 90 millions de pauvres

Première puissance économique du continent, le Nigeria est un pays riche en pétrole et en gaz. Mais la crise sanitaire a entraîné une baisse de la demande mondiale d'or noir provoquant un effondrement des cours. L'économie est fragilisée, sachant que le pétrole représente la majorité des recettes de l'Etat.

Ce pays riche compte le plus grand nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté au monde et un chômage massif des jeunes. Selon l'institut de recherche World Poverty Clock, 91 millions de personnes, soit un peu moins de la moitié de la population, vivent avec moins de deux dollars par jour.

Corruption et brutalités policières

Le géant démographique et économique est très défaillant en termes d’infrastructures et d’énergie. L’immense majorité des routes n’est pas goudronnée et seulement 59% de la population ont un accès à l’électricité, selon la Banque mondiale. Le Nigeria souffre d'une corruption endémique qu’il n’arrive pas à endiguer : détournements de fonds publics, malversations financières, pots de vins, etc.

En octobre 2020, le pays s'enflamme. La jeunesse, après des jours de manifestations, obtient la dissolution du SARS, cette unité de police nigériane censée lutter contre le vol, qui n'a cessé de multiplier les exactions et de semer la terreur dans la population.

Boko Haram et les bandes criminelles

Le Nigeria fait également face à la menace terroriste de Boko Haram. Depuis 2009, le groupe islamiste sème la terreur dans le nord du pays en multipliant les attaques et les enlèvements. Ces violences ont fait à ce jour plus de 36 000 morts et plus de deux millions de déplacés. Une offensive a été menée en 2015 par les armées de la région, mais elle n'a pas permis d’éradiquer le terrorisme. Depuis 2018, Boko Haram s'est renforcé et a multiplié ses attaques meurtrières en ciblant notamment des bases militaires nigérianes.

Il n'y a pas que Boko Haram qui sème la terreur, des bandes criminelles se multiplient dans les Etats du Nord et du Centre de Katsina, Zamfara, de Kaduna, et du Niger. Motivées par l'appât du gain, certaines ont tissé des liens avec les groupes jihadistes. Ces violences criminelles ont fait plus de 8 000 morts depuis 2011 et forcé plus de 200 000 personnes à fuir leur domicile, selon un rapport du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) publié en mai 2020.

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