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Côte d'Ivoire : décès du Premier ministre Hamed Bakayoko d'un cancer à l'âge de 56 ans

Surnommé "Golden Boy", Hamed Bakayoko a connu une ascension politique qui l'a mené au poste de Premier ministre, qu'il n'aura occupé que neuf mois.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Hamed Bakayoko au stade Félix Houphouët-Boigny, le 22 août 2020 à Abidjan, pour assister à l’investiture du président Alassane Ouattara par son parti au pouvoir en tant que candidat à la présidence.  (ISSOUF SANOGO / AFP)

Le Premier ministre de Côte d'Ivoire, Hamed Bakayoko, est mort mercredi 10 mars à l'âge de 56 ans dans un hôpital en Allemagne des suites d'un cancer, huit mois après le décès de son prédécesseur. "Je rends hommage au Premier ministre Hamed Bakayoko, mon fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection", a déclaré le président Alassane Ouattara dans communiqué lu à la télévision publique RTI.

Hamed Bakayoko, qui était également ministre de la Défense, avait été évacué en France le 18 février par avion spécial pour "raisons de santé", avant d'être transféré dans un hôpital en Allemagne le week-end dernier, au moment où se tenaient les élections législatives dans son pays. Malgré son absence, il a été très largement réélu député dans son fief de Séguéla (Nord) quatre jours avant sa mort. Avant son départ pour Paris, cet homme de forte carrure, populaire et bon vivant, n'avait pas été vu en public depuis deux semaines, mais ses proches le disaient très amaigri.

Destin brisé

Hamed Bakayoko, qui avait eu 56 ans le 8 mars, avait succédé en juillet 2020 au poste de Premier ministre à Amadou Gon Coulibaly, décédé quelques jours après son retour d'une hospitalisation et d'une convalescence de deux mois en France pour des problèmes cardiaques. Né le 8 mars 1965 à Abidjan, dans une famille de la classe moyenne, ce musulman originaire du Nord de la Côte d'Ivoire, au physique athlétique, s'était intéressé dès sa jeunesse au journalisme et à la politique. D'abord militant politique, puis homme de médias dans les années 1990, Hamed Bakayoko était devenu ministre au début des années 2000. Il avait été ensuite de tous les gouvernements pendant près de 20 ans. A 25 ans, il avait créé le journal Le Patriote, qui deviendra le quasi-organe du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d'Alassane Ouattara, auquel il avait adhéré dès sa fondation en 1994.

Ascension 

Son ascension politique avait vraiment commencé dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des Nouvelles technologies, un poste qu'il gardera dans tous les gouvernements d'union nationale, sous le régime de l'ex-président Laurent Gbagbo. Avec l'arrivée au pouvoir d'Alassane Ouattara en 2011, Hamed Bakayoko avait hérité du stratégique ministère de l'Intérieur, qu'il avait conservé sous trois gouvernements jusqu'en 2017, réussissant à maintenir l'ordre dans un pays revenant à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l'opposition. 

"Nous étions certes adversaires politiques, mais je retiens de lui un homme qui aura été loyal à son mentor jusqu'au bout, un repère et un soutien pour de nombreux jeunes ivoiriens"

Charles Blé Goudé, opposant

à l'AFP

Showbizz

Le monde de la culture est en deuil. En prenant les commandes en 1993 de Radio Nostalgie Côte d'Ivoire, la première radio commerciale du pays, en plein printemps de la presse ivoirienne,"HamBak" s'était rapproché du milieu de la musique et du showbiz, dans lequel il aimait s'afficher. Après la mort en 2019 de la star du coupé-décalé DJ Arafat, dont il était proche, il s'était montré aux premières loges des funérailles. 

Apprécié dans tous les camps d'un pays marqué par de fortes tensions politiques, il était perçu comme un possible successeur d'Alassane Ouattara. Hamed Bakayoko était marié à une avocate, chrétienne originaire de l'Est, avec laquelle il a eu quatre enfants.

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