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Attaques de Ouagadougou: les djihadistes s'organisent

Les terroristes du GSIM (Groupe pour le soutien à l'islam et aux musulmans) qui ont revendiqué la double attaque de Ouagadougou le 2 mars 2018, ont franchi un cap. Aux cibles dites «molles» comme les hôtels et les restaurants où se rendent les Occidentaux, ils ont préféré des cibles «dures»: l'état-major des forces armées et l'ambassade de France. Dans le premier, se tenait une réunion du G5 Sahel
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min

Une attaque sans précédent
Le Burkina Faso est depuis 2015 la cible d'attaques djihadistes, qui ont déjà frappé sa capitale Ouagadougou, sans jamais toutefois atteindre un tel niveau d'organisation.
 
Selon Paul Koagala, consultant burkinabè en sécurité, cité par l'AFP, «le mode opératoire des attaques évolue crescendo... (vers) des symboles forts». Pour semer le trouble et être plus efficaces, les hommes qui ont attaqué l'état-major portaient d'ailleurs l'uniforme de l'armée de terre bukinabè, selon une source sécuritaire.

«Un commando agissant simultanément sur deux points majeurs de la capitale, une attaque très organisée, très minutée, avec une grande clarté dans les objectifs...Je crois qu'il n'y a pas de précédent», a déclaré pour sa part une source diplomatique française.

«Ils étaient équipés pour faire le maximum de victimes à l'intérieur (de l'ambassade NDLR). Ils avaient sur eux des explosifs, des chargeurs...», selon la même source.
 
Où en est le G5 Sahel?
Créé courant 2017 avec le soutien déterminant de la France pour lutter contre les attaques djihadistes dans la région, le G5 Sahel est composé du Mali, du Burkina, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie.

A son actif, deux opérations. La première baptisée «Hawbi», menée en novembre 2017 dans la zone frontalière du Mali, du Niger et du Burkina Faso, a mobilisé 700 hommes environ, appuyés par des soldats français.

La seconde, dont les détails n'ont pas été communiqués, s'est déroulée le 15 janvier 2018.

Une entrée en matière qui, selon l'ONU, est allée de pair avec des «menaces terroristes croissantes de l'Etat islamique dans le Grand Sahara (ISGS) et de Ansar al-Islam».

«Nous allons tout faire pour que le G5 Sahel ne s'installe pas», a même assuré en janvier 2018 à l'AFP un porte-parole de ce groupe, évoquant notamment les confins des Burkina Faso, Mali et Niger, soit une zone de 5 millions de km².

Une zone qui est au cœur de l'action de la force du G5 Sahel.

Reste cependant la question du financement, autrement dit du nerf de la guerre. Les cinq pays membres du groupe parmi les plus pauvres au monde ne peuvent compter qu'en petite quantité sur leurs fonds propres pour financer un projet estimé à 423 millions d'euros.

Le 23 février 2018, les Etats membres de l'UE ont décidé de participer à hauteur de 100 millions d'euros. Quant aux promesses de dons consenties notamment par les Etats-Unis, l'Arabie saoudite, la France et même la Turquie, elles restent à confirmer.

Qu'est-ce que est le GSIM?
Le Groupe pour le soutien à l'islam et aux musulmans est dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghaly. Selon un message parvenu le 3 mars 2018 à l'agence privée mauritanienne «Al Akhbar», il a mené ces attaques contre l'état-major des forces armées du Burkina Faso et contre l'ambassade de France à Ouagadougou «en réponse à la mort de plusieurs de ses dirigeants dans un raid de l'armée française dans le nord du Mali il y a deux semaines».

D'après l'état-major français, lors d'un raid mené le 14 février 2018 près de la frontière algérienne, une vingtaine de djihadistes présumés ont en effet été «tués ou capturés».
 
Auparavant, le GSIM avait déjà revendiqué l'attaque qui a coûté la vie à deux militaires français et blessé un troisième, le 21 février dans le nord-est du Mali, une région frontalière du Niger réputée servir de refuge à des groupes djihadistes que la force conjointe du G5 Sahel s'est donné pour mission de chasser.
 
Le groupe, qui a tout juste un an, est issu d'une alliance conclue en mars 2017 par plusieurs mouvements islamistes armés du Mali, dont Ansar Dine, Al Mourabitoune et l'Emirat du Sahara, une émanation d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Le groupe compterait environ 500 hommes.

Le 1er mars, c'est ce même groupe qui a diffusé une courte vidéo dans laquelle est apparue l'humanitaire Sophie Pétronin, âgée de 75 ans et enlevée à Gao (nord du Mali) le 24 décembre 2016 par des hommes armés. La famille de Mme Pétronin, qui a semblé très affaiblie sur les images, a été reçue au Quai d'Orsay le 3 mars 2018.

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