Arrêtée à l'âge de 15 ans, Ciham Ahmed est portée disparue depuis 9 ans en Erythrée
Amnesty international, qui la croit en prison, lance une campagne de mobilisation en faveur de la jeune Erythréenne.
C’est une histoire inconnue et oubliée qui se passe en Erythrée – l'un des régimes les plus répressifs au monde –, celle de Ciham Ahmed, 24 ans, qui croupit en prison depuis 2012, selon l'ONG Amnesty International. Fille d’un ancien ministre, elle a été arrêtée un mois après la défection de son père alors qu’elle tentait de le rejoindre en exil.
Un acte de représailles
Le 8 décembre 2012, Ciham Ahmed, 15 ans, est arrêtée alors qu'elle tentait de traverser la frontière avec le Soudan. L’adolescente voulait fuir son pays. Née à Los Angeles aux Etats-Unis, elle a grandi en Erythrée où son père Ali avait été nommé ministre de l’Information par son ancien compagnon de guérilla Issaïas Afewerki, devenu président.
Mais son père fait défection lors d’un voyage à l’étranger. Lorsqu'il fuit le pays en décembre 2012, cela provoque une onde de choc dans tout le pays, car on le croyait indéfectiblement fidèle au régime autocratique. Il aurait soutenu un coup d’Etat contre le pouvoir en place, provoquant la sanction contre sa fille, souligne Amnesty international.
"Ils ont enlevé une enfant, qui avait ses rêves d’enfant. Concrètement, ils lui ont dit : 'nous allons te punir, te mettre en détention et tu passeras la moitié de ta vie en prison.'"
Saleh, oncle de Ciham Ahmedà Amnesty international
Une pratique courante
Ciham Ahmed a déjà passé neuf ans derrière les barreaux. C’est du moins ce que l’on suppose, puisque personne ne sait où elle se trouve depuis son arrestation en 2012. La jeune fille n’a jamais été présentée à un tribunal, ni inculpée de quoi que ce soit, précise Amnesty international qui publie une pétition en ligne pour réclamer sa libération.
Un message qui s’adresse surtout aux Etats-Unis pour faire pression sur Asmara. Ciham Ahmed, âgée aujourd’hui de 24 ans, a la nationalité américaine mais les responsables érythréens ne la reconnaissaient pas en tant que citoyenne américaine, comme l’avait signalé à Voice of America un diplomate américain en poste dans le pays.
Neuf ans après son arrestation, Amnesty rappelle qu’il sagit d'"une disparition forcée" et d'"un crime" au regard du droit international. L'Organisation dénonce le silence de Washington.
" Alors que les jeunes de son âge prennent par exemple le chemin de l'université, Ciham subit des horreurs sans nom."
Amnesty Internationaldans un communiqué
Les arrestations et disparitions forcées sont une pratique courante en Erythrée. Selon l'organisation Human Rights Watch, des centaines de responsables politiques, personnalités religieuses, journalistes et autres voix critiques du régime d’Issaïas Afewerki sont détenus au secret depuis des années sans aucun contact avec leur famille.
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