Le journaliste érythréo-suédois Dawit Isaak a déjà passé 20 ans en prison en Erythrée
Il est le plus ancien journaliste prisonnier au monde.
Cela fait exactement 20 ans que Dawit Isaak, 56 ans, croupit dans une prison en Erythrée, sans jugement, sans avocat et sans visite. Le journaliste érythréen naturalisé suédois avait été arrêté en septembre 2001, après avoir relayé dans son journal un appel en faveur de réformes et de transition démocratique. Retour sur une histoire oubliée.
Une disparition forcée
Après des années passées en Suède, Dawit Isaak décide de regagner son pays d’origine pour servir "une Erythrée libre" et ouvrir son journal Setit aux idées réformistes, comme le rapporte Reporters sans Frontières (RSF). Son rêve sera de courte durée. En septembre 2001, le président érythréen Issaias Afeworki interdit tous les médias indépendants. Il fait arrêter une dizaine de journalistes et Dawit Isaak n’échappe pas à la rafle. Le père de famille est arrêté chez lui, à Asmara, le 23 septembre 2001. Depuis, il est détenu au secret, sans jugement, sans avocat et sans aucune visite comme tous autres prisonniers d'opinion.
Un seul contact en 20 ans
Le seul contact direct avec sa famille a été établi en 2005, soit quatre ans après son incarcération. Depuis, aucune nouvelle ou presque. En 2010, un ancien gardien de prison qui avait réussi à fuir l'Erythrée raconte que le journaliste érythréo-suédois Dawit Isaac est détenu à Eiraeiro, un lieu de détention construit spécialement pour les prisonniers d’opinion. Les conditions y sont particulièrement difficiles, souligne Reporters sans Frontières. Il y a tout juste un an, le groupe d’experts des Nations unies sur les disparitions forcées a indiqué que le journaliste était encore vivant en septembre 2020 selon le témoignage d’une source qualifiée de "crédible".
Des journalistes morts en prison
Parmi la douzaine de journalistes arrêtés en septembre 2001, seuls trois seraient encore vivants et détenus au secret, précise Reporters sans Frontières. L'Erythrée figure à la toute dernière place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
L'organisation avait déposé une plainte pour crime contre l’humanité auprès de la justice suédoise contre des dirigeants du régime d’Asmara, mais le parquet n’a pas donné suite, jugeant les chances de succès trop faibles. A l’occasion du 20e anniversaire de la disparition du journaliste, le Premier ministre suédois Stephan Löven a promis que son pays ne l’abandonnerait "jamais".
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