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Angola: condamnation requise à l'encontre du journaliste Rafael Marques

Un tribunal de Luanda a requis, le 15 juin 2018, la condamnation du célèbre journaliste d'investigation angolais, Rafael Marques. Dès lors, il risque jusqu'à trois ans de prison ferme pour avoir mis en cause, dans un article d'octobre 2016, un ancien procureur de la République lors d'une acquisition immobilière frauduleuse. Verdict attendu le 6 juillet.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le journaliste angolais anti-corruption Rafael Marques, le 20 août 2017 à Luanda. (AMPE ROGERIO / AFP)

«Prêt pour la bataille!» C'est le message envoyé, le 16 juin 2018 sur Twitter, par Rafael Marques au lendemain du réquisitoire à charge du procureur angolais Pedro Pederneira, contre l'une des figures de la lutte anti-corruption en Angola. Le représentant du ministère public a estimé que M.Marques devait être déclaré coupable d'outrages à une autorité souveraine et d'insulte à l'autorité publique.

La justice angolaise reproche cette fois à ce journaliste de 46 ans habitué des prétoires pour ses écrits d'avoir mis en cause le procureur général de l'époque, Joao Maria de Sousa, dans un article paru en octobre  2016 sur son site d'informations Maka Angola. Le journaliste accuse ce haut fonctionnaire d'avoir tenté d’acquérir illégalement un terrain à Porto Amboim, dans la province de Cuanza Sul. Cette parcelle devait accueillir un vaste complexe résidentiel, selon Jeune Afrique

Après l'audience du 15 juin 2018 devant un tribunal de Luanda, la réaction du directeur de Maka Angola n'a pas tardé. Le procureur angolais «exonère son ancien chef, le plaignant, de corruption et blâme à la place des fonctionnaires locaux», a tweeté M.Marques.

Rafael Marques avait déjà été poursuivi sous le régime de José Eduardo dos Santos pour ses enquêtes sur la corruption et les violations des droits de l'Homme commises par le pouvoir de l'époque. Dans une autre affaire, en 2015, il a écopé de 6 mois de prison avec sursis, suite à la publication en 2011 d’un livre sur les violences dans une région diamantifère. Ses critiques envers l’ancien président lui ont même valu d'être emprisonné en 1999. 


Autre journaliste sur le banc des accusés, Mariano Bras, qui a relayé l'enquête sur l'affaire immobilière dans un hebdomadaire. Tous deux risquent une peine maximale de trois ans de prison ferme, malgré la promesse du nouveau président Joao Lourenço d’ouvrir l’espace démocratique et de s'attaquer à la corruption après les 38 ans de règne de son prédécesseur José Eduardo dos Santos qui a quitté le pouvoir en août 2017.

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