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Amnesty dénonce la vente d’armes illicites au Soudan du Sud

Dans un rapport publié le 25 septembre 2017, l’organisation non-gouvernementale Amnesty International révèle une vente d’armes illicite de 46 millions de dollars au Soudan du Sud, un pays déchiré par la guerre civile depuis quatre ans. La transaction signée en 2014 implique une société écran enregistrée au Royaume-Uni.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Les soldats de l'Armée de libération du peuple du Soudan (SPLA) dans un site de confinement à l'extérieur de Juba, le 14 avril 2016. (Samir Bol/ AFP)

Le rapport d’Amnesty International intitulé «From London to Juba» s’appuie sur des documents commerciaux montrant qu’un contrat d’armement a bien été signé mais pas ratifié en 2014 entre une société publique d’armements ukrainiens et une société basée aux Emirats arabes unis. La livraison devait être assurée par S-Profit Ltd, une petite société britannique créée par un ressortissant ukrainien.

Un vide juridique britannique
La société S-Profit Ltd ne dit rien sur son implication dans le commerce des armes puisque la loi britannique ne l’exige pas. N’importe qui dans le monde peut en effet créer une société en ligne, sans avoir à fournir de documents d’identité ou à justifier son activité. «Il y a moins de vérifications que pour une inscription à une salle de sport ou une location de voiture», précise James Lynch, responsable du programme Contrôle des armes et droits humains à Amnesty International.

Des pratiques répandues
Face à ces lacunes dans la règlementation des sociétés britanniques, les pratiques illégales ou frauduleuses sont répandues. Le rapport d’Amnesty International révèle que le gouvernement britannique est au courant mais ne prend pas de mesures efficaces pour régler ce problème. «Avec des mesures simples – contrôler la véracité des noms et des adresses et créer un registre des courtiers et armements –, il serait beaucoup plus difficile pour des marchands d’armes étrangers de s’installer au Royaume-Uni», souligne James Lynch.

Amnesty International n’a pas pu vérifier si les armes répertoriées dans ces documents qu’elle a pu consulter ont été livrées au Soudan du Sud. Le directeur de la société S-Profit Ltd assure qu’il n’a pas fourni d’équipements militaires à Juba. Il ne dit rien en revanche sur son rôle d’intermédiaire éventuel dans cette transaction.

Le Soudan du Sud, un petit Etat en guerre
Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 devenant ainsi le plus jeune Etat du monde. A cause de rivalités politiques, le pays a plongé fin 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés. Le Conseil de sécurité n'a pas réussi à mettre en place un embargo sur les armes. 

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