Algérie : un tribunal militaire condamne Saïd Bouteflika à 15 ans de prison
Plusieurs personnalités de premier plan de l'ancien régime déchu ont écopé de lourdes peines.
Un tribunal militaire algérien a condamné, dans la nuit du 24 au 25 septembre 2019, à 15 ans de prison Saïd Bouteflika, frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, jugé pour "atteinte à l'autorité de l'armée" et "complot contre l'autorité de l'Etat".
Le général "Toufik" et son successeur à la tête du renseignement Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, jugés dans la même affaire devant le tribunal militaire de Blida, à environ 50 km au sud d'Alger, ont écopé de la même peine.
Procès à huis clos
Le tribunal a également condamné à 20 ans de prison l'ancien ministre de la Défense et ex-chef d'état-major de l'armée Khaled Nezzar, son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, tous les trois jugés par contumace dans la même affaire.
Le parquet de Blida a requis 20 ans de prison contre Saïd Bouteflika, qui s'était imposé comme l'homme fort du régime et contre les autres prévenus de ce procès, ouvert lundi 23 loin des caméras. Seuls les avocats et les familles des accusés ont eu le droit d'assister aux audiences.
Arrestations massives
Ce procès emblématique a lieu après une vague d'arrestations massives dans l'entourage d'Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission début avril, après des mois d'un mouvement de contestation inédit.
Des enquêtes judiciaires avaient ensuite été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant d'ex-hauts responsables politiques et des hommes d'affaires, accusés d'avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime d'Abdelaziz Bouteflika.
Cheffe trotskiste
Le frère du président déchu et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai. Louisa Hanoune, cheffe du PT, a été placée en détention provisoire quatre jours plus tard.
La défense avait admis que Louisa Hanoune avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et le général "Toufik" le 27 mars, au lendemain d'une déclaration du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ d'Abdelaziz Bouteflika.
Présidentielle
L’Algérie continue d’être secouée par un mouvement de contestation qui refuse toujours la tenue d'une élection avant le départ de "tout le système". Le pouvoir a choisi de passer en force en fixant la présidentielle au 12 décembre.
La présidentielle pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, initialement prévue le 4 juillet, avait dû être annulée, aucun candidat ne s'étant déclaré, face à l'ampleur de la contestation.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.