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Algérie : la machine judiciaire continue de sévir contre les opposants, malgré le coronavirus

Malgré la pandémie du nouveau coronavirus (152 morts et 1 320 cas déclarés officiellement dans le pays), les condamnations s'enchaînent. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le journaliste Khaled Drareni porté par les manifestants à Alger, le 6 mars 2020.  (RYAD KRAMDI / AFP)

Journalistes, opposants, militants du Hirak, vétérans de la guerre d'indépendance, défilent devant la justice algérienne. Ce lundi 6 avril, Abdelouahab Fersaoui, opposant politique et militant du mouvement (Hirak) de protestation antirégime en Algérie, a été condamné à un an de prison ferme, a annoncé une association de soutien aux détenus. Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement-Actions-Jeunesse (RAJ), une association citoyenne en pointe au sein du Hirak, était poursuivi pour "atteinte à l'intégrité du territoire national".

Lors de son procès tenu le 23 mars à huis clos au tribunal de Sidi M'hamed à Alger, à cause de la pandémie de Covid-19, le procureur avait requis deux ans de prison ferme.

"Escalade de la répression"

"On est abasourdi. On attendait sa libération, ou tout au moins une condamnation à six mois, une peine qu'il a déjà purgée. Cette condamnation confirme notre inquiétude quant au risque d'escalade de la répression", a déclaré à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).

Abdelouahab Fersaoui, un universitaire de 39 ans, est en détention provisoire depuis son arrestation le 10 octobre, alors qu'il participait à un rassemblement de soutien aux détenus d'opinion. Depuis cette date, la justice a rejeté toutes les demandes de libération et a prorogé à chaque fois sa détention, selon les associations de défense des droits de l'Homme.

"Recel de matériel"

Dimanche 5 avril, le journaliste Sofiane Merakchi a été condamné par un tribunal d'Alger à huit mois de prison ferme, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien des prisonniers. Journaliste et correspondant de la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, Sofiane Merakchi était accusé de "recel de matériel" et de "fourniture des images des manifestations du vendredi 20 septembre (2019) à la chaîne Al Jazeera et d'autres médias étrangers". Il s'agissait de manifestations du Hirak, le mouvement populaire antirégime qui ébranle le pouvoir algérien depuis février 2019. 

Le procureur avait requis deux ans de prison ferme et une amende d'un montant supérieur à cinq fois le coût du matériel saisi.

"Atteinte au moral de l'armée"

Malgré la pandémie du nouveau coronavirus (152 morts et 1 320 cas déclarés), la machine judiciaire continue de sévir en Algérie. Un journaliste indépendant algérien, Khaled Drareni, correspondant de l'association Reporters sans Frontières (RSF) en Algérie, a été incarcéré le 29 mars en détention préventive.

Quant à l'opposant Karim Tabbou, figure emblématique du Hirak, déjà récemment condamné à une peine d'un an de prison ferme, il doit comparaître le 27 avril dans un autre procès, accusé d'"atteinte au moral de l'armée", a précisé le 6 avril son avocate.

Selon le dernier décompte du CNLD, 44 personnes sont actuellement en détention dans les prisons algériennes pour des faits liés au Hirak.

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