Cet article date de plus de quatre ans.

Pendant le Covid-19, les autres épidémies continuent et l’OMS craint une recrudescence de la rougeole

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la propagation du coronavirus, l'Alliance du vaccin (Gavi) craint que les mesures de confinement, qui retardent les campagnes de vaccinations, ne provoquent d'autres flambées épidémiques notamment en Afrique.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le 30 mars 2020, un employé de l'Institut national d'hygiène publique contrôle la température d'un homme à Abidjan (Côte d'Ivoire). Les écoles et la plupart des entreprises de la capitale économique ivoirienne ont été fermées. (SIA KAMBOU / AFP)

Les nombreuses épidémies (rougeole, méningite, choléra….) qui touchent régulièrement le continent africain ne se sont pas arrêtées avec l’arrivée du Coronavirus. Les campagnes de vaccinations doivent se poursuivre et ne pas être entravées par le confinement, affirme l’OMS.

Si l’Europe redécouvre le risque épidémique – qui n’a pourtant jamais vraiment disparu , l’Afrique, elle, n’a malheureusement pas attendu le coronavirus pour être confrontée aux flambées épidémiques : VIH, tuberculose, Ebola, choléra, dengue, méningite, rougeole, paludisme, fièvre jaune, fièvre de Lassa, etc. Ces épidémies font chaque année des dizaines de milliers de morts, alors même que le plus souvent les traitements existent.

Ne pas trop retarder les campagnes de vaccination

Depuis janvier 2019, la rougeole a déjà touché 60 000 Africains, d'après les derniers chiffres de l'OMS. "La rougeole est probablement la première de mes préoccupations à l'heure actuelle", a déclaré Seth Berkley, directeur exécutif du Gavi (Alliance globale pour les vaccins et l'immunisation), groupement de gouvernements et d'entreprises pour rendre les vaccins accessibles.

En République démocratique du Congo (RDC), pourtant en proie à une épidémie d'Ebola depuis juillet 2018, la rougeole a tué deux fois et demi plus de personnes qu'Ebola, a-t-il souligné.

En 2018, la rougeole a tué 140 000 personnes dans le monde, en grande majorité dans les pays d'Afrique sub-saharienne. "La vaccination de routine est toujours absolument essentielle, mais elle l'est particulièrement dans un moment comme celui-ci, car si d'autres épidémies se produisent, elles submergeront le système de santé", a expliqué M. Berkley.

L'OMS a publié une mise en garde sur son site : en attendant le futur vaccin contre le Covid-19, "il faut s'assurer que les gens sont protégés contre des maladies pour lesquelles un vaccin existe", insiste le Dr Katherine O'Brien, directrice de la vaccination et de l'immunisation.

L'Unicef a émis la même recommandation en constatant que "les enfants des familles les plus pauvres, dans les pays touchés par les conflits et les catastrophes naturelles, sont les plus exposés" par la voix d'Henrietta Fore, sa directrice,  "particulièrement préoccupée" par la RDC, la Somalie, la Syrie ou le Soudan du Sud.

Si chaque année la vaccination sauve sur le continent africain deux millions d’enfants de maladies infantiles mortelles, plus de 1,5 million d’enfants meurent dans le monde de maladies pouvant être évitées grâce à la vaccination.

"Même au cœur d'une crise sanitaire, les soins de base doivent se poursuivre : les bébés naissent, les vaccins doivent continuer à être dispensés et les gens ont toujours besoin de leurs traitements vitaux", a affirmé le 30 mars 2020 le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les femmes continuent d'accoucher

Des interventions politiques trop autoritaires peuvent également faire des dégâts. Les agents de santé ougandais ont accusé leur gouvernement de mettre en danger la vie des femmes enceintes et des personnes en situation d'urgence médicale, suite à l'ordre du président Museveni d'interdire à toutes les voitures privées de circuler.

Il n'y a pas suffisamment d'ambulances publiques qui fonctionnent pour les évacuations médicales. De nombreuses femmes enceintes, de blessés et de victimes d'actes criminels et autres dépendent de moyens privés pour se rendre d'urgence dans les hôpitaux.

"D'autres urgences médicales comme la maternité n'ont pas cessé parce que le coronavirus est venu. Cela risque d'aggraver un taux de mortalité maternelle déjà élevé", a déclaré à Reuters Ekwaro Obuku, l'ancien chef de l'Association nationale ougandaise des médecins. "Aucune mère en difficulté ne devrait demander la permission d'accoucher. Nous finirons par avoir des morts inutiles et évitables."

Enfin, autre danger, certains évitent de se rendre dans les dispensaires pour se soigner. Ainsi, lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014, les patients tendaient à fuir les dispensaires et même les maternités étaient désertées.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.