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Tourisme dans les zones à risques : impossible d'interdire les zones rouges sauf à "mettre un GPS sur chaque Français et le sanctionner au retour"

Alors que les deux touristes libérés par les forces spéciales françaises au Burkina Faso ont reconnu avoir été imprudents en s'aventurant dans des zones dangereuses, le président des Entreprises du voyage, appelle, en voyage, à la responsabilité de chacun plutôt qu'à réglementer les déplacements des touristes à l'étranger.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Capture d'écran du site de recommendations aux voyageurs du Quai d'Orsay. (Quai d'Orsay)

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a jugé que les deux touristes que les forces spéciales françaises ont dû libérer au Bénin, un sauvetage qui a coûté la vie à deux soldats, avaient pris des "risques majeurs" en se rendant dans une "zone considérée depuis pas mal de temps comme une zone rouge", c'est-à-dire "formellement déconseillée". Le ministre souhaite durcir la réglementation concernant les voyagistes en élargissant notamment ces zones rouges. "D'abord, ça ne durcit pas la réglementation. Il n'y a pas de réglementation", explique lundi sur franceinfo Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du voyage. Quant à la proposition du ministre d'interdire aux Français de partir en zone rouge, Jean-Pierre Mas en souligne l'absurdité à moins de "mettre un GPS sur chaque Français qui se déplace et le sanctionner au retour".


franceinfo : Durcir la réglementation, est-ce que c'est souhaitable ?

Jean-Pierre Mas : C'est une réaction que je qualifierais d'épidermique comme c'est souvent le cas de la part des politiques lorsqu'il y a une situation anormale ou une situation de crise. Non, ce n'est pas souhaitable. D'abord ça ne durcit pas la réglementation. Il n'y a pas de réglementation. Il y a les avis aux voyageurs qui relèvent du ministère des Affaires étrangères. Ces conseils aux voyageurs sont extrêmement intéressants pour les professionnels. Nous les suivons attentivement, nous travaillons en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères mais ils ne créent pas une contrainte. Il n'y a pas de sanction au fait que l'on ne respecte pas un avis aux voyageurs.

Pour le cas précis du Bénin et du parc de la Pendjari, classés orange et jaune à l'exception d'une bande à la frontière du Burkina Faso en rouge, vous organisez quand même des départs ?

Non, absolument pas ! Parce que déjà la zone rouge, c'est strictement déconseillé et la zone orange est déconseillée sauf raison impérative. Le tourisme ou la chasse ne peuvent en aucun cas être des raisons impératives. Donc on n'organise pas de voyages dans ces zones-là. Et les Français qui ont été pris en otage ont certainement été très imprudents ou pas renseignés, pas informés parce qu'on s'imagine que les terroristes n'arrêtent pas leur action à la limite des pointillés de la carte du ministère des Affaires étrangères. La moitié du parc était en zone rouge ou orange et c'était bien signalé : en raison du risque d'enlèvement. Il était évident qu'il y avait un risque à aller dans le parc de la Pendjari à ce moment-là.

Mais rien n'empêche de partir seul, sans agence de voyage ?

Bien évidemment. Et c'était le cas. Rien n'empêche quelqu'un de partir seul. Rien n'empêche quelqu'un de ne pas le dire, de ne pas s'inscrire sur le portail Ariane du ministère des Affaires étrangères. Il assume d'une certaine façon le risque de son voyage. Et quand j'entends Jean-Yves Le Drian dire : "Il faudrait interdire aux Français d'aller en zone rouge", il n'y a pas de moyens de l'interdire sauf mettre un GPS sur chaque Français qui se déplace et le sanctionner au retour. C'est à chacun de se responsabiliser. Le voyage c'est en soi une part d'aventure et dans toute forme d'aventure, il y a une petite part de risque. En revanche, on peut la maîtriser. Et ne pas s'informer, c'est prendre le risque sans en avoir la mesure.

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