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Coup d'Etat au Niger : qui est le général Tiani, le nouveau dirigeant autoproclamé à la tête du pays ?

Le militaire était à la tête de la Garde présidentielle depuis 2011. Le président Mohamed Bazoum avait récemment expliqué la volonté de le remplacer à son poste.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le général Abdourahamane Tiani s'est autoproclamé "président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie", le 28 juillet 2023, lors d'une allocution à la télévision. (ORTN / AFP)

C'est un coup de poignard dans le dos. Le chef de la Garde présidentielle nigérienne, Abdourahamane Tiani, a pris la parole à la télévision nationale, vendredi 28 juillet, pour annoncer qu'il allait dorénavant diriger le pays et qu'il était le "nouvel homme fort", destituant de fait le président Mohamed Bazoum. Depuis le début du coup d'Etat, le chef de l'Etat élu en 2021 est en effet retenu captif avec sa famille au sein de la résidence présidentielle à Niamey, la capitale du Niger.

Agé de 59 ans, le général Tiani est décrit comme un homme de l'ombre, puissant, à poigne, mais qui ne fait pas l'unanimité. "On ne le connaît pas beaucoup en dehors des milieux militaires, il n'a pas de présence publique affichée", décrit Ibrahim Yahaya Ibrahim, chercheur pour l'ONG International Crisis Group, interrogé par l'AFP.

ll est originaire d'une région en proie aux jihadistes

Originaire de Filingué, le général Abdourahamane Tiani est né dans une zone très aride et enclavée, à quelque 200 km au nord-est de Niamey, dans la région de Tillabéri, théâtre d'attaques des groupes jihadistes depuis plusieurs années. Militaire de carrière, le dirigeant autoproclamé a servi plusieurs fois dans des missions onusiennes : en Côte d'Ivoire, au Congo, au Darfour, au Soudan, ainsi que dans une mission de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) en Côte d'Ivoire. "Le général Tiani est un officier ayant fait ses preuves sur le terrain", estime l'ex-militaire Amadou Bounty Diallo.

Il allait être remplacé par le président Mohamed Bazoum

Abdourahamane Tiani est un fidèle de l'ancien président Mahamadou Issoufou, qui l'a nommé en 2011 à la tête de la Garde présidentielle. Il avait ensuite été reconduit à son poste par Mohamed Bazoum lorsqu'il avait été élu en 2021. Mais, selon des proches du président nigérian contactés par l'AFP, les relations entre le général Tiani et le chef de l'Etat s'étaient dégradées depuis plusieurs mois et Mohamed Bazoum avait récemment exprimé sa volonté de le remplacer.

"Son remplacement et une refonte en profondeur de la Garde présidentielle devaient être décidés dès ce jeudi [27 juillet] en Conseil des ministres", affirme un proche de Mohamed Bazoum à l'AFP. Mais "conformément aux directives de [l'ancien président] Mahamadou Issoufou, il a transformé la Garde présidentielle en une puissante machine dotée d'armements sophistiqués", souligne un fonctionnaire anonyme, toujours auprès de l'AFP.

Il dirigeait les 700 hommes de la Garde présidentielle

Ses proches le décrivent comme "valeureux" et "populaire" auprès des quelque 700 éléments de son unité. Ses détracteurs, eux, affirment que le général est "controversé" au sein même de la Garde présidentielle. "Comment aurait-il pu entraîner ses éléments dans le putsch s'ils n'avaient pas confiance en lui ?" s'interroge cependant Issa Abdou, un acteur de la société civile, auprès de l'AFP.

Ce n'est néanmoins pas la première fois que le nom d'Abdourahamane Tiani est associé à une affaire de putsch. Lors du coup d'Etat manqué de 2015, certains soldats l'avaient désigné comme l'un des instigateurs, rapporte Jeune Afrique, mais sa culpabilité n'a jamais pu être prouvée. A l'inverse, selon les autorités, le général Tiani aurait déjoué plusieurs tentatives de coup d'Etat, en 2021 et 2022 notamment.

Il n'est pas reconnu par la communauté internationale

Le président de l'Union africaine n'a pas tardé à condamner "fermement" le coup d'Etat mené par le général Tiani. Dans un communiqué daté du 26 juillet, Moussa Faki Mahamat a estimé qu'Abdourahamane Tiani avait agi "en totale trahison de leur devoir républicain". Dans un second temps, l'Union africaine avait exigé "le rétablissement de l'autorité constitutionnelle dans un délai maximum de quinze jours".

Le président Emmanuel Macron a de son côté condamné "avec la plus grande fermeté" le coup d'Etat. A l'instar du ministère des Affaires étrangères français, l'Union européenne "ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch", a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Son homologue américain Antony Blinken a lui assuré le président déchu Mohamed Bazoum de "l'indéfectible soutien" de Washington.

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