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Le Mozambique accepte une aide militaire des pays de l'Afrique australe et de l'Union européenne pour contrer les groupes jihadistes

Les seize pays de l’Afrique australe ont décidé l’envoi de troupes dans le but de contenir l’insurrection Shabab dans la province du Cabo Delgado. L'UE, elle, se contentera d'envoyer des formateurs militaires.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Des personnes attendent à Pemba au Mozambique, le 1er avril 2021, le bateau où se trouvent des membres de leurs familles, évacués des côtes de Palma après l'attaque de la ville par des insurgés jihadistes. (ALFREDO ZUNIGA / AFP)

L'Union européenne a approuvé le 30 juin 2021 l'envoi de formateurs militaires au Mozambique pour l'aider à lutter contre les groupes armés jihadistes de plus en plus menaçants. Les effectifs de cette mission de formation des forces armées du Mozambique doivent encore être précisés et validés par les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne le 12 juillet 2021. Jusqu'à présent le président mozambicain refusait, au nom de l'indépendance du pays, toute aide et présence étrangère sur son sol.

Le Portugal, bras de l'UE au Mozambique

La France, l'Espagne, l'Italie et le Luxembourg se sont déclarés prêts à répondre à l'appel du Portugal, pays qui partage la même langue que le Mozambique. Le Portugal a indiqué être disposé à fournir la moitié des effectifs. Lors d'une visite officielle en Afrique du Sud fin mai 2021, le président français Emmanuel Macron avait donné son accord pour "prendre part à des opérations maritimes" au large du Mozambique, si les Etats de la région le demandaient.

Le Portugal et les Etats-Unis ont déjà envoyé des militaires pour des missions de formation, au lendemain de l'attaque de la ville portuaire de Palma, le 24 mars 2021, dans la province du Cabo Delgado. Cette attaque des groupes jihadistes avait fait des dizaines de milliers de déplacés. Elle a également interrompu un méga-projet gazier de 16,8 milliards d'euros, opéré par le groupe français Total et situé à quelques kilomètres de Palma. Intérêts économiques et crise humanitaire se conjuguent dans cette région.

Inquiétude régionale

De leur côté, les seize dirigeants des pays d’Afrique australe ont annoncé le 24 juin 2021 un accord pour l’envoi de troupes au Mozambique. La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC, 16 pays) a "approuvé la mission de la force d'attente de la SADC pour soutenir le Mozambique dans son combat contre le terrorisme et les violences extrémistes au Cabo Delgado", a déclaré à l'issue d'un sommet extraordinaire la secrétaire exécutive de l'organisation, Stergomena Tax.

"Le président mozambicain a subi une pression énorme de ses voisins pour le déploiement de ces troupes, car la situation au Mozambique n'est pas seulement une situation locale, elle s'est également transformée en dilemme régional"

Willem Els, de l'Institute for Security Studies

à l'AFP

Les violences dans la province de Cabo Delgado, située dans le nord du Mozambique à la frontière avec la Tanzanie, ont fait 2 800 morts ces trois dernières années et forcé près de 800 000 personnes à fuir, selon l'ONU, provoquant une grave crise humanitaire.
Les attaques jihadistes sont montées en puissance depuis un an, le groupe al-Shabab n’hésitant plus à incendier les villages et à décapiter des hommes.

Mais jusqu'à présent, le président mozambicain Filipe Nyusi se montrait réticent à toute aide étrangère, insistant sur la souveraineté du pays, indépendant depuis 1975. L'armée, mal formée, mal équipée, et franchement débordée s'était jusqu'ici appuyée sur des sociétés militaires privées, mais cela n’a pas été suffisant.

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