Mauritanie: entre Aqmi, pauvreté et querelles ethniques
En octobre 2011, pour la seconde fois depuis juin, l’armée mauritanienne a affirmé avoir attaqué des militants d’Aqmi, dans l’ouest du Mali, à la frontière entre les deux pays. Selon Nouakchott, l’organisation fondamentaliste s’apprêtait à mener une opération contre la Mauritanie.
Se mouvant avec aisance dans l'immense zone désertique de la bande sahélo-saharienne, Aqmi organise attentats et enlèvements, surtout d'Occidentaux (une douzaine, dont six Français). Ainsi que divers trafics. Ces derniers temps, cette partie de l'Afrique de l'Ouest voit circuler les armes venues de Libye. Elle est aussi devenue un important point de transit de la cocaïne sud-américaine à destination des marchés européens.
Une société travaillée par l'intégrisme musulman
Aqmi n’hésite pas à frapper au cœur de Nouakchott, la capitale. En février 2008, l’ambassade israélienne à Nouakchott a subi des tirs à l’arme automatique lors d’une attaque revendiquée par le groupe fondamentaliste. Et en 2009, un attentat-suicide a frappé l’ambassade de France blessant légèrement deux gendarmes. «Le kamikaze de 22 ans était un membre connu et recherché de la mouvance jihadiste», rapporte Le Figaro.
Selon certaines sources, la Mauritanie représenterait «un vivier de recrutement» pour Aqmi. Un recrutement d’autant plus facile que 59 % des habitants a moins de 25 ans et que les jeunes sont souvent sans travail.
Dans ce contexte, la société mauritanienne est travaillée par l’intégrisme musulman. Depuis cinq ans, les habitants «observent strictement la religion, et les mosquées sont pleines tous les vendredis. L’alcool est prohibé», observe un diplomate.
Confrontée à la menace intégriste, la Mauritanie, où vivent 3,1 millions d’habitants sur un territoire presque deux fois plus grand que la France, doit aussi faire face aux milliers de personnes qui fuient la «guérilla des sables», menée par des Touaregs au Niger et au Mali.
La menace de la sécheresse
L’instabilité est accentuée par la pauvreté d’une population, confrontée à la hausse des prix alimentaires, et dont la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Le secteur minier représente 75 % des exportations mais ne fait travailler que 3 % des salariés. Après l’assassinat de quatre Français dans la région d’Aleg, le tourisme, qui avait fait reculer la pauvreté de 30 % dans le sud du pays, s’est effondré.
La situation économique est aggravée par une sécheresse susceptible d’entraîner une famine si des mesures urgentes ne sont pas prises. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 700.000 personnes vivraient sous cette menace.
Autre grave problème aggravant les tensions: les frictions entre Maures blancs et Négro-Mauritaniens. En 1989, de violents affrontements avaient opposé les deux communautés, entraînant des expulsions massives de Négro-Africains vers le Sénégal et des Mauritaniens vivant au Sénégal. Aujourd’hui, les Noirs continuent à se dire victimes de racisme et de discriminations de la part des Arabo-Berbères. Ils ont manifesté à de nombreuses reprises pendant l’été 2011 contre une opération de recensement dont ils se sentent exclus. «Tout est fait pour que les Négro-Mauritaniens ne puissent pas s’inscrire et pour faire perdurer le mythe selon lequel les Maures blancs seraient plus nombreux», affirme l’un de leurs porte-parole.
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