Tunisie : le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe tente de ressusciter une organisation moribonde
Le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, Taïeb Baccouche, a révélé avoir convié les chefs de la diplomatie des cinq pays d’Afrique du Nord à préparer la résurrection de l’organisation, moribonde depuis 1994. L’Algérie et le Maroc se disputent déjà la paternité de l’initiative.
C’est au cours d’une table ronde de l’Union syndicale des travailleurs du Maghreb arabe, organisée le 8 décembre 2018 sous le slogan «capables de construire un grand Maghreb arabe», que Taïeb Baccouche a rendu publique son initiative.
Le secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), créée en 1989, y a annoncé avoir adressé des correspondances aux ministres des Affaires étrangères des Etats membres les conviant à une réunion restreinte à Tunis, pour préparer le 7e sommet des chefs d’Etats de cette organisation.
L'UMA paralysée depuis 24 ans par le conflit du Sahara occidental
Selon le site La Presse de Tunis, Taïeb Baccouche a déclaré que l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie avaient accepté son invitation, précisant que chacun de ces pays avait exprimé le souhait d’accueillir le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UMA.
Universitaire, syndicaliste et homme politique tunisien, Taïeb Baccouche a également annoncé que le chef de la diplomatie marocaine avait pour sa part affirmé «la disposition de son pays à accueillir les travaux du 7e sommet de l’Union à l’occasion du 30e anniversaire de sa création».
La réanimation de l’UMA, paralysée depuis 24 ans par le différend entre l’Algérie et le Maroc sur la question du Sahara occidental, a d’ores et déjà entraîné une surenchère entre les deux pays.
Le site La Presse de Tunis, repris par les sites marocains Ya Biladi et Maroc diplomatique, rapporte que Taïeb Baccouche a souligné que ses efforts pour la tenue du 7e sommet prévu en Libye mais reporté depuis 2007, vont dans le sens de l’appel lancé récemment par le roi Mohamed VI à l’Algérie.
Alger et Rabat s'attribuent la paternité de l'initiative
Les sites Maroc Diplomatique et Ya Biladi insistent eux sur l’idée que cette réactivation de l’organisation régionale est la conséquence de l’appel du souverain marocain, le 6 novembre 2018, à l’Algérie à ouvrir un dialogue franc et direct. Dans son discours à l’occasion du 43e anniversaire de la Marche verte sur le Sahara occidental, le roi Mohamed VI a proposé aux responsables algériens de mettre en place «un mécanisme conjoint de concertation et de dialogue» pour transcender les différends conjoncturels, obstacles au développement des relations bilatérales.
De son côté, l’agence officielle algérienne, Algérie Presse Service (APS), a rappelé qu’Alger avait demandé, sans dire quand, au secrétaire général de l’UMA d’organiser dans les plus brefs délais une réunion des chefs de la diplomatie du Maghreb.
"Une initiative qui s’inscrit en droite ligne de la conviction intime et maintes fois exprimée par l’Algérie de la nécessité de relancer l’édification de l’ensemble maghrébin et de la réactivation de ses instances", écrit l’APS.
Se félicitant dans son édition du 26 novembre 2018, que l’Union européenne et la France aient salué l’appel d'Alger, l’APS rappelle que l’Algérie avait accueilli en juillet 2012 une session extraordinaire du conseil des ministres maghrébins des Affaires étrangères, consacrée à la lutte contre le terrorisme et à la coordination sécuritaire dans la région.
La Tunisie se pose en médiateur
Selon Ya Biladi, depuis la main tendue du monarque, la diplomatie tunisienne s’active pour réunir chez elle les chefs des Etats de l’UMA en mars 2019, en marge du prochain sommet de la Ligue arabe.
Expliquant les efforts de médiation de son pays, le ministre tunisien des Affaires étrangères a réaffirmé son credo. "Il n’y aura pas de Maghreb sans le Maroc et l’Algérie", a déclaré Khemaïs Jhinaoui le 7 décembre dernier au site arabi21.
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