Séisme au Maroc : les constructions traditionnelles de la région frappée n'étaient pas adaptées aux normes antisismiques

Au moins 2 500 personnes ont péri dans le puissant séisme qui a frappé le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi. Une région pauvre du Haut-Atlas, au sud-ouest de Marrakech, où les maisons sont faites de terre et d'argile, a été particulièrement touchée.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
SAID ECHARIF / ANADOLU AGENCY/ AFP (SAID ECHARIF / ANADOLU AGENCY/ AFP)

Le bilan du séisme au Maroc s'alourdit à 2 500 morts, selon des chiffres qui restent provisoires. Le pays n'avait pas connu de séisme aussi meurtrier depuis soixante ans. C'est notamment dû au type de constructions qu'on trouve dans la région du Haut-Atlas où s'est situé l'épicentre. Ces bâtiments ont été construits avec des techniques traditionnelles comme le pisé ou l'adobe, et n'ont pas été renforcés depuis.

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Le pisé est une technique où l'on se sert de terre légèrement humide, parfois mêlée de foin ou de paille, pour construire les murs des maisons. Ils sont ensuite recouverts d'une couche d'argile pour l'étanchéité. Le tout sèche et durcit au soleil. Le toit est réalisé avec des poutres de bois, sur lesquelles on couche un tissage de roseaux, de branches et parfois de tôle ou de plastique. L'adobe est une autre technique où on empile des briques de terre argileuse les unes sur les autres sans les lier avec du ciment.

Ces techniques n'utilisent quasiment que des matériaux locaux, qu'on peut trouver facilement dans la nature. Elles sont donc accessibles à des populations pauvres comme celles qui habitent le Haut-Atlas. De plus, les maisons en pisé ou en adobe sont très bien isolées thermiquement, protégeant les habitants de la chaleur en été comme du froid en hiver, où la température peut descendre jusqu'à zéro degré. Mais en cas de secousses horizontales causées par un séisme, ces bâtiments s'effondrent comme un château de cartes.

Des normes antisismiques existent mais les séismes sont rares

Il existe pourtant depuis 2002 des normes antisismiques pour construire les bâtiments au Maroc. Elles ont été actualisées en 2011. Mais dans des régions rurales et pauvres comme le Haut-Atlas où les habitants construisent eux-mêmes leurs habitations, il est difficile de veiller au respect de ces normes.

Selon le cofondateur de l'ONG Architectes de l'urgence Patrick Coulombel, la région du Maroc où a eu lieu le séisme, située au sud-ouest de Marrakech est bien une zone sismique identifiée mais les tremblements de terre y sont rares. La population a donc tendance à oublier ce risque. Et les constructions ne sont pas adaptées.

Pour le faire, il faudrait d'abord renforcer les maisons en pisé ou en adobe à l'aide d'ossatures en bois, en acier ou même en ciment. Une technique qu'Architectes de l'urgence a utilisé au Pakistan notamment, après le séisme de 2005. Autre mesure de sécurité : identifier les zones de failles sismiques, visibles grâce à des fissures, des craquellement du sol et interdire la construction de bâtiments à moins d'une centaine de mètres de ces zones.

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