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Le grand rêve africain du Maroc

Investissements, forcing politique, organisation de grands sommets, tournées royales, le Maroc développe une stratégie africaine dynamique depuis quelques années. Le royaume chérifien se dote d’une politique ambitieuse pour conquérir l’Afrique.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Mohammed VI à Abidjan le 30 mai 2015 (SIA KAMBOU / AFP)

Ce jeudi 25 février 2016, 1.200 opérateurs économiques et institutionnels africains et internationaux de plus de 20 ont rendez-vous à Casablanca pour la 4e édition du Forum international Afrique Développement. A l’initiative, le groupe bancaire marocain Attijariwafa bank et Maroc Export.

Le Maroc n’est plus membre de l’Union africaine (ex Organisation de l’Union africaine, OUA) depuis 32 ans. Le 12 novembre 1984, lors du 20e sommet de l’OUA à Addis Abeba, la délégation marocaine claque la porte de l’Organisation à cause de la présence de République arabe sahraouie démocratique (RASD), devenue 51e membre. Depuis, certains pays comme le Madagascar, le Burundi, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Togo, la République du Congo (RDC, l’allié de toujours de Rabat), la Guinée équatoriale, le Cap-Vert, la Zambie, Sierra Leone, le Swaziland, le Zimbabwe, le Tchad, le Burkina Faso, le Liberia, le Malawi et le Kenya) ont retiré leur reconnaissance à la RASD. Faut-il y voir le fruit du forcing diplomatique du Maroc ?


En plus du partenariat avec l’Union européenne, le Maroc n’a jamais manqué de garder un œil sur son Sud. «Depuis son départ de l’OUA, le Maroc a paradoxalement renforcé ses liens avec le continent africain en privilégiant le partenariat économique et l’union économique», rappelle Le Matin du Sahara, cité par Huffington Post. Comprendre, a contrario du puissant voisin (Algérie) qui n’a misé que sur le plan politique.
 
Les chiffres sont plutôt prometteurs. Selon le site d’informations économiques et financières Financialafrik, le royaume est désormais le principal investisseur étranger en Côte d’Ivoire avec 22% des investissements injectés dans l’économie du pays en 2015. Des investissements en croissance dans la plupart des pays sub-sahariens. Rabat est aujourd’hui le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest.


 
«Les échanges commerciaux du Maroc avec les pays africains ont enregistré une nette progression sur la dernière décennie, reflétant les efforts de diversification et de renforcement des relations commerciales avec les pays du Sud sur la période 2004-2014, le montant global des échanges commerciaux du Maroc avec le continent africain a augmenté de 13% en moyenne annuelle pour se situer à près de 37,6 milliards de dirhams en 2014, représentant environ 6,4% de la valeur totale des échanges extérieurs du Maroc contre 4,4% en 2004», relève le ministère de l’Economie.
 
Bémol : la plus grande partie des échanges commerciaux du Maroc avec le continent africain s’effectue avec les pays de l’Afrique du Nord (58% en 2014), notamment l’Algérie (34%), alors que les échanges avec l’Afrique subsaharienne n’ont représenté que 42% en 2014.
 
La coopération Sud-Sud trouve aussi forme dans l’éducation. Le Maroc a triplé ces cinq dernières années le nombre d’étudiants étrangers sur son sol, soit 7.500 étudiants dont 68% sont constitués d’Africains provenant d’une quarantaine de pays du continent.  
 
Le choix économique est aussi une décision politique. Le roi Mohammed VI, accompagné d’une délégation composée de ministres et d’hommes d’affaires, a effectué en mai et juin 2015, une tournée au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon ainsi qu’en Guinée-Bissau. Il s’agit de la 3ème tournée royale en Afrique en l’espace de trois ans. Le Maroc se rêve en porte d’entrée en Afrique, et un acteur politique économique de premier plan sur le Continent. 

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