Guerre au Mali : l'union sacrée de la classe politique française se fissure
Dix jours après son lancement, l'intervention militaire française contre les islamistes qui contrôlent le nord du Mali ne fait plus l'unanimité au sein de la classe politique.
"L'objectif, c'est la reconquête totale du Mali." Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affiché la détermination du gouvernement, dimanche 20 janvier, sur l'intervention militaire française au Mali. Lundi, les combats continuent. Une colonne de blindés français et des soldats maliens ont pris la direction de la ville de Diabali pour la reprendre aux islamistes. Mais à Paris, l'union sacrée qui a entouré l'opération Serval depuis son lancement il y a dix jours laisse apparaître quelques brèches.
Division dans les rangs socialistes
"Ce n'est pas à l'armée française d'aller reconquérir le Nord." La critique est à peine voilée. Et elle émane d'Elisabeth Guigou, la présidente de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. La députée socialiste approuve les bombardements opérés par l'aviation française, mais elle estime que les troupes françaises ne devraient pas prendre part à l'offensive terrestre. "C'est aux armées africaines, comme l'a dit Laurent Fabius, d'aller reconquérir le nord du Mali", a-t-elle expliqué lundi matin au micro de France info.
"Vigilance" à l'UMP
"Union nationale mais questionnement légitime, unité mais vigilance." C'est ainsi que Jean-François Copé, le président de l'UMP, a résumé la position de son parti, lundi matin sur BFMTV. Le député-maire de Meaux s'inquiète d'un isolement de Paris sur le front malien et demande à François Hollande de préciser les objectifs poursuivis par la France dans le pays. "Il faut que le président de la République dise à partir de quels critères il considérera que les objectifs ont été atteints. Est-ce que c'est la lutte contre le terrorisme international ? Contre le terrorisme dans cette région ? Est-ce permettre la réunification du Mali ?" s'interroge-t-il.
Une ligne politique déjà affichée par des ténors de l'UMP dimanche, comme le rappelle Le Figaro, et reprise lundi. Valérie Pécresse, la secrétaire générale déléguée de l'UMP, a ainsi estimé, lundi sur Radio Classique, qu'avec Nicolas Sarkozy à la manœuvre, la France aurait bénéficié de "beaucoup plus de soutiens".
Regrets au Nouveau Centre
Le président du Nouveau Centre, Hervé Morin, a exprimé lundi deux regrets sur la préparation de la guerre au Mali : pas de présentation d'un plan militaire à l'ONU, pas de tournée diplomatique préalable efficace. Sur LCI, le député centriste de l'Eure, ancien ministe de la Défense, a déclaré : "On a été assez mous sur l'accompagnement diplomatique" du discours prononcé par François Hollande à l'ONU en septembre.
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