: Témoignages Mali : des habitants de Tombouctou racontent le blocus de la ville par les groupes jihadistes
Depuis mercredi 27 septembre, au Mali, trois postes de l’armée ont été attaqués par des jihadistes : dans l'ouest, le centre et le nord du pays. Une flambée de violences ininterrompue ces dernières semaines. Dans le même temps, la ville de Tombouctou fait face à un blocus.
Depuis pratiquement un mois, les habitants de la "Perle du désert" doivent puiser dans leurs réserves de nourriture, car presque plus aucune denrée ne rentre dans la ville. Mahamane, natif de Tombouctou et figure de la société civile locale, raconte : "Nous sommes privés des produits qui viennent du reste du pays. Tombouctou est surtout approvisionnée par l'Algérie et la Mauritanie. C'est en quelque sorte une réponse à l'État malien".
Un accord entre les groupes armés
Cette situation, Mahamane l'explique par une entente entre la multitude de groupes qui combattent l'armée malienne : "Il y a eu une complicité entre les différents mouvements pour rendre effectif ce blocus", selon lui.
Ces groupes armés sont à dominante touareg ou d'obédience salafiste, à l'instar du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda. C'est lui qui a déclaré la guerre dans la région de Tombouctou, début août. Il est soupçonné d'avoir visé un bateau de transport de passagers sur le fleuve Niger, le 7 septembre, une attaque qui a fait plus de 100 morts. "C'est le sommet de la cruauté, c'est un crime de guerre !", lance Mahamane.
La semaine dernière, trois obus ont visé "la ville aux 333 Saints", où l'armée malienne est bien implantée, comme l'a constaté un journaliste de la radio Jamana de Tombouctou, qui souhaite rester anonyme : "Depuis le 11 septembre, un couvre-feu a été décrété dans toute la région de Tombouctou. De 20 h à 6 h du matin, l'armée patrouille pour assurer la sécurité des populations, donc l'armée est bien présente".
Cette escalade de la violence intervient après le départ de la force Barkhane et celui, en cours, de la Minusma, la mission de l'ONU, poussée dehors par la junte malienne. Cette dernière met aussi en péril l'accord d'Alger, signé en 2015 par l'Etat malien et les groupes armés du Nord.
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