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Réfugiés évacués de Libye et accueillis en France : "Exfiltrer ces hommes et ces femmes de cet enfer" est un devoir

François Gemenne, spécialiste des flux migratoires et chercheur à Sciences Po Paris, a appelé, lundi sur franceinfo, d'autres États à faire comme la France et accueillir des réfugiés libyens.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des réfugiés marchent dans un bâtiment du HCR à Niamey (Niger), le 17 novembre 2017, après avoir été évacués de Libye. (SIA KAMBOU / AFP)

L'Office français de protection de réfugiés et apatrides (Ofrpa) a annoncé, lundi 20 novembre, que la France allait accueillir 25 réfugiés évacués de Libye avec l'aide du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). "Toute démocratie moderne a le devoir d'essayer d'exfiltrer ces hommes et ces femmes de cet enfer", a déclaré François Gemenne, spécialiste des flux migratoires et chercheur à Sciences Po Paris, lundi sur franceinfo.

franceinfo : Est-ce que cette décision de la France est une étape importante ?

François Gemenne : C'est une étape importante, au moins symboliquement. C'est le premier État qui s'engage à essayer de sortir des migrants de cet enfer libyen. Il faut que d'autres États embrayent, ce n'est pas suffisant. Ce qui se passe en Libye est indigne de la condition humaine. Toute démocratie moderne a le devoir d'essayer d'exfiltrer ces hommes et ces femmes de cet enfer.

La France accueillera 25 réfugiés. C'est une goutte d'eau. Pourquoi est-ce encore si difficile de se mobiliser ?

Parce que je crois que tout ce qui est de l'autre côté de la Méditerranée nous apparaît comme lointain. C'est une sorte de crise de notre identité humaine qui est révélée par ce désintérêt. Il faudra une solution européenne. Je crois que c'est le pari d'Emmanuel Macron que de mettre en œuvre cette procédure en espérant que d'autres embrayeront. Il faut surtout qu'une solution se débloque au niveau européen pour le rétablissement de voies sûres et légales vers l'Union européenne.

Vous pensez que cette décision de la France va inspirer la suite ?

Je le souhaite. Là c'est une première parce que c'est pratiqué depuis la Libye, un pays avec lequel il est difficile d'avoir un interlocuteur gouvernemental. On peut espérer que ces missions pionnières pourront en inspirer d'autres et pourront surtout décider l'Europe à mettre en place un vrai projet politique en matière d'immigration.

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