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Libye : 2 000 dollars par mois et nationalité turque pour les mercenaires syriens

Entre 1 500 et 2 000 combattants syriens auraient rejoint la Libye depuis la Turquie, contre salaire, frais médicaux et nationalité turque. 

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Deux combattants de la Brigade 610 (GNA) tirent sur les hommes du maréchal Haftar, le 6 décembre 2019.  (KARINE PIERRE / HANS LUCAS)

Un salaire moyen de 2 000 dollars (1 800 euros environ), la nationalité turque et prise en charge médicale, c’est la promesse d’Ankara pour les combattants syriens qui combattraient le maréchal Haftar en Libye. Selon le quotidien britannique The Guardian (lien en anglais, payant), qui cite plusieurs sources, 2 000 combattants syriens sont déjà arrivés à Tripoli depuis la Turquie ou y arriveront prochainement.

Direction Tripoli

Le succès est inattendu. Un déploiement initial de 300 hommes de la deuxième division de l'Armée nationale syrienne (ANS), rassemblement de groupes rebelles syriens financés par la Turquie, a quitté la Syrie par le poste frontière militaire de Hawar Kilis le 24 décembre 2019, suivi de 350 autres le 29 décembre, précise le quotidien. Et le 5 janvier 2020, 1 350 hommes sont entrés en Turquie. Formés dans le sud du pays, certains ont déjà été déployés en Libye.

Toujours selon The Guardian, les combattants syriens auraient signé des contrats de six mois avec le gouvernement d'accord national (GNA), soutenu par l'ONU, et non avec l'armée turque. Ils ont vu, ainsi, leur salaire multiplié par plus de 20, par rapport à celui perçu en Syrie. La Turquie se serait aussi engagée à payer les frais médicaux des soldats blessés et à rapatrier les corps en Syrie. 

"Ambitions néo-ottomanes"

En foulant le sol libyen, certains mercenaires atterrissent avec la nationalité turque mais certains doivent attendre six mois avant de l’obtenir. Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, comme le signale RFI, un homme s'exprimant en syrien, sans apparaître à l'image, montre sa carte d'identité turque fraîchement fournie. En fond, apparaît le logo de Ghaziantep, ville de Turquie où les autorités turques rassemblent les candidats au départ vers la Libye, remarque RFI.

Paradoxalement, l’intervention turque pourrait profiter à son ennemi, le maréchal Haftar. La chercheuse Claudia Gazzini, analyste à l'International Crisis Group, alerte sur un sentiment anti-Turquie.

(Traduction : "La montée en puissance de la Turquie et la prise de contrôle de Syrte mettent en évidence deux risques majeurs :

-Hafltar pourrait maintenant avancer pour prendre Misrata pendant que les factions pro-GNA (Gouvernement d'union nationale, reconnu par l'ONU, NDLR) se préparent à une contre-attaque;
-Les sentiments nationalistes arabes pourraient être à l'origine d'un jihad contre 'les ambitions néo-ottomanes' de la Turquie

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