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Coronavirus : de nombreuses compagnies aériennes africaines condamnées à disparaître

Avec la crise du coronavirus, tous les pays africains se sont barricadés. La totalité des compagnies aériennes sur le continent ont été clouées au sol. La plupart d'entre elles risquent désormais tout simplement de cesser leur activité.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La compagnie Ethiopian Airlines tente de survivre grâce au fret en organisant quelques vols-cargos. (ZOU LE / IMAGINECHINA)

Aucune compagnie aérienne n'a été épargnée, y compris les plus anciennes. La plupart était déjà en sursis, avant l'arrivée du coronavirus qui a cloué au sol leurs avions. C'est le cas de la South African Airways, devenue un gouffre financier. Le Covid-19 a sonné le glas de cette compagnie qui a fait la fierté de l'Afrique du Sud pendant des décennies. Lourdement endettée, elle va bientôt disparaître pour laisser la place à une nouvelle compagnie totalement restructurée. Il était devenu impossible de redresser cette compagnie qui accuse plus d'un milliard de dollars de pertes, sur les six dernières années.

"Insolvabilité assurée d'ici fin juin"

Avec la crise sanitaire liée au Covid-19, tous les pays africains ont fermé leurs aéroports. Les compagnies aériennes ont immobilisé leurs avions au sol. A l'exception de quelques vols d'avions-cargos, toutes les liaisons régionales et internationales ont été annulées. Du jamais vu. Sans le moindre revenu, certaines sont tout simplement condamnées à disparaître, redoute l'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA).

Si les compagnies aériennes africaines ne reçoivent pas de soutien, elles vont se retrouver en situation d'insolvabilité d'ici la fin du mois de juin

Abderahmane Berthé, secrétaire général de l'AFRAA

Déclaration à la presse le 27 mars 2020

Même la première compagnie aérienne d'Afrique, Ethiopian Airlines lutte péniblement pour sa survie. Fleuron de l'économie éthiopienne, elle a déjà perdu plus de 550 millions de dollards depuis le mois de janvier. Elle mise aujourd'hui sur le fret et quelques vols cargos pour ne pas sombrer. Mais sa capacité de résistance reste très limitée si la crise perdure. C'est dire l'impasse dans laquelle le Covid-19 a plongé les compagnies aériennes africaines qui étaient déjà pour la plupart en sursis.

"Un plan marshall pour le secteur aérien africain"

Au Cameroun, la compagnie privée Camair-Co a déjà mis au chômage technique la majorité de son personnel. Elle compte désormais sur un soutien de l'Etat. C'est le cas aussi d'Air Algérie. La compagnie nationale algérienne risque de faire faillite depuis que l'ensemble de ses 56 avions ont été immobilisés.

"La crise est venue de manière brutale. Nous avons commencé par l'arrêt des liaisons aériennes avec la Chine, le taux de remplissage étant devenu quasi nul. Puis c'était autour de l'Europe, puis de l'Afrique. L'absence d'activité commerciale a forcément des répercussions sur les finances de la société", explique Amine Andaloussi, chargé de communication d'Air Algérie.

Classée il y a quelques mois parmi les cinq premières compagnies aériennes du continent, Royal Air Maroc a vu cloué au sol plus d'un tiers de sa flotte. Elle a d'ores et déjà engagé un plan d'austérité pour limiter les dégâts sur sa trésorerie. 60% du trafic de la compagnie depuis Casablanca se faisait en direction des pays d'Afrique au sud du Sahara, qui ont tous verrouillé leurs frontières aériennes.

Les compagnies Kenya Airways, Air Mauritius, RwandAir ou encore Air Senegal sont logées à la même enseigne. Toutes ont vu leur trésorerie affectée par la pandémie du coronavirus. Pour le ministre ghanéen de l'aviation civile, il faut une politique concertée de soutien et de relance à l'échelle du continent. Il appelle à "un plan marshall" pour sauver le secteur aérien africain.

Une lutte pour la survie du secteur aérien

L'Association internationale du transport aérien (IATA) presse les Etats de mettre la main au porte-monnaie pour sauver du naufrage les compagnies aériennes agonisantes. Jamais elles n'avaient été confrontées à tel défi.

La crise que traverse le secteur aérien mondial est plus étendue qu'après les attentats du 11-Septembre ou la crise financière mondiale de 2018

Alexandre Juniac, directeur général de l'IATA

Communiqué de presse

L'IATA estime à environ 56 milliards de dollars la part du transport aérien dans l'économie africaine. Ce secteur génère à lui tout seul, plus de six millions d'emplois. Il contribue à hauteur de 2,6% du Produit intérieur brut du continent. 

L'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) tire aussi la sonnette d'alarme. Avant la crise, les 45 compagnies africaines regroupées au sein de cette association représentaient 85% du trafic interafricain avec 93 millions de passagers par an. Des passagers qui se sont totalement volatilisés. Selon son secrétaire général, Abderahmane Berthé, il faudra réunir entre 2,5 et 3 milliards d'euros à travers des aides financières, ou des allègements de taxes et charges, pour sauver les compagnies africaines menacées par la pandémie du coronavirus.

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