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L’essor des blogueurs égyptiens ne date pas du Printemps arabe

On l’a appelée la "révolution Facebook ou Twitter". Spécialistes et témoins se sont attaqués à cette image purement virtuelle des révoltes, véhiculée par les médias occidentaux. C’est dans la rue que tout s’est joué. Néanmoins, les blogueurs ont été moteurs dans la révolution qui a mené à la chute d’Hosni Moubarak. Dès 2005, année électorale, une blogosphère contestataire se constituait déjà.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le blogueur Alaa Abdel Fattah s'adresse à la presse à sa sortie d'une prison du Caire en décembre 2011. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Jusqu’alors, le dirigeant égyptien avait été reconduit par référendum. Mais cette année-là, il cède à la pression de la rue et organise les premières élections pluralistes du pays depuis son arrivée au pouvoir en 1981. Un vent de liberté souffle à travers l’Egypte.

Mais sous ces airs de démocratie, la répression reste latente. L’autocensure de la presse opère sa  "magie" et la violence dont sont victimes les journalistes décourage les plus téméraires. C'est sur le web que les blogueurs trouvent un espace pour s'exprimer.

Le bloguer égyptien, Hossam el-Hamalawy, parle de son travail

 

"Assez !"
C’est par le biais d’un référendum que la constitution est amendée le 25 mai 2005. Ce qui permet la tenue de cette fameuse élection présidentielle en septembre de la même année. Les Frères musulmans défilent dans les rues. Les forces de l’ordre aidées par des hommes de main répriment avec violence les manifestations et s’en prennent à un journaliste soumis à des attouchements sexuels.

Les blogueurs prennent des photos et les publient en devançant la presse d’opposition. Leur contenu sera repris par les internautes. Cette date marque d’une pierre blanche l’histoire des blogueurs contestataires en Egypte qui ne cessent de se mobiliser.

Hosni Moubarak est donné gagnant, l’opposition refuse la reconduite du dirigeant au pouvoir. Les rendez-vous des manifestations sont annoncés sur le site de Kifâya, "Assez !" en français, qui existait dès 2004. Une fédération de mouvements protestataires politiques ou citoyens. Ils sont l’emblème de l’opposition lors de cette campagne électorale historique.  L’information, les photos et récits sur la contestation se propagent, en partie, grâce à eux.

Les blogueurs deviennent encombrants
Deux ans après, au moins cinq activistes seront arrêtés en marge d’une manifestation en soutien à des juges souhaitant réformer le système judiciaire égyptien. Les blogueurs deviennent une cible du régime.

Les chaînes étrangères implantées dans le pays comme Al Jazeera et France 24 prennent conscience de la valeur ajoutée de ces internautes et les invitent à participer au débat. Même Mohamad Hassanine Haykal, grande figure intellectuelle du pays,  fait l’éloge du blogueur Bahiyya.

Ce n'est pas pour autant que les blogueurs sont accueillis les bras ouverts par la presse. "Deux arènes se juxtaposent au sein de l’espace public égyptien", raconte Enrique Klaus dans l'Egypte au présent paru en mai 2011. C’est pendant le "Printemps arabe" égyptien que cette arène des blogueurs s’élargira. Les journalistes étrangers font appel à eux pour témoigner, ils arrivent à faire sortir de l’information alors que Moubarak verrouille l’Egypte.

 

Le blog Torture in Egypt dénonçait la torture sous le régime d'Osni Moubarak. (FTV)

 

Leur bataille se poursuit encore aujourd’hui, alors que l’armée dirige le pays et que les salafistes y ont accru leur influence. Le 1er février dernier, une émeute a éclaté lors d'un match de football. Les bloguers se sont saisi naturellement de cet évènement. A l'image de Maria Golia, une blogueuse qui fait état d’un pays qui a du mal à se débarrasser de ses vieux schémas.

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