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L'Egypte, l'Algérie et le Nigeria, principaux importateurs de blé sur le continent africain, s’inquiètent de la flambée des prix

Avec une hausse des cours du blé de 23% en février 2022, à laquelle s'ajoute une flambée des prix de l'énergie, le Maghreb et les pays africains risquent d'être très impactés.

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une moissonneuse-batteuse récolte du blé près de Krasne, à 120 km au nord de Kiev, le 5 juillet 2019. Avec plus de 25 millions de tonnes produites en moyenne, le blé est devenu un produit d'exportation majeur pour l'Ukraine. (ANATOLII STEPANOV / FAO)

L'Ukraine et la Russie sont avec la France et l'Allemagne les principaux producteurs de blé sur le continent européen. Si la guerre se poursuit, la production ukrainienne de céréales pourrait être durablement compromise. Six millions de tonnes de blé et neuf millions de tonnes de maïs seraient actuellement bloquées dans les ports ukrainiens. Et les sanctions économiques contre Moscou pourraient également perturber les exportations russes. Les stocks de céréales, aliment de base pour des milliards de personnes dans le monde, représentent en moyenne quatre mois à cinq mois de consommation.

Egypte et Algérie très dépendants 

L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient importent chaque année la moitié de leurs besoins en blé, soit environ cinquante millions de tonnes. Cette région capte à elle seule le tiers des importations mondiales de blé. L'Afrique subsaharienne est elle aussi concernée avec environ 15% des importations mondiales. Parmi les principaux acheteurs de blé dans le monde, on retrouve l'Egypte, l'Algérie, le Nigeria.

L'Egypte, premier importateur de blé dans le monde, achète chaque année quelque dix millions de tonnes (public et privé) de blé sur les marchés internationaux. En 2021, 50% de ce blé provenaient de Russie et 30% d’Ukraine.

L'Ukraine exporte une grande partie de sa production de blé et de maïs vers la Chine, l'Egypte, l'Algérie, la Libye, mais aussi la Tunisie, le Maroc et les pays africains comme le Nigeria.

Risques d'émeutes de la faim

Avec une hausse des cours du blé de 23% ces dernières semaines, qui s’ajoute à la flambée des prix du pétrole, ces pays, à peine sortis de l'épidémie de Covid-19, s'inquiètent d’un retour des émeutes de la faim. Elles avaient déstabilisé nombre de pays africains suite à la crise financière de 2008. L’insécurité et la hausse des prix alimentaire est une vulnérabilité pour les Etats.

En revanche, mettre la main sur la production ukrainienne serait une carte maîtresse pour Moscou pour contrôler une grande partie du marché. Dix pays assurent à eux seuls 85% des exportations mondiales de blé. Il s’agit des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, de l'Argentine, plus éloignées des côtes méditerranéennes que les grandes zones de production céréalières que sont la France, la Russie, l’Ukraine ou encore Kazakhstan.

Le blé, s’il n’est récolté qu’une ou deux fois par an, doit pouvoir être livré tout au long de l’année, ce qui implique des capacités de transport fiables. Notamment l’accès à la Méditerranée pour la production russe et ukrainienne. Ce qui n’est pas le cas actuellement puisque la marine turque bloque les entrées et sorties de la mer Noire.

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