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Egypte-Syrie: le président Sissi officialise son soutien au président Assad
Déjà en froid avec l’Arabie Saoudite en raison de ses positions louvoyantes sur la Syrie, le président égyptien a franchi un nouveau pas dans son défi à Ryad. Abdel Fattah al-Sissi a officialisé le soutien de son pays à l’armée de Bachar al-Assad dans sa lutte contre les extrémistes, prenant le risque d’un divorce plus important avec son principal soutien économique après les Etats-Unis.
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C’est d’une manière très laconique, lors d’un entretien avec la télévision publique portugaise RTP, que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a confirmé officiellement apporter un soutien à l’armée de Bachar al-Assad.
Soutenir les armées nationales, dont la syrienne, contre le terrorisme
«Notre priorité, a-t-il expliqué, est de soutenir les armées nationales, par exemple en Libye, pour renforcer le contrôle de l’armée sur le territoire et traiter les éléments extrémistes. Même chose en Syrie et en Irak.»
Au journaliste qui lui demandait de préciser s’il parlait de l’armée syrienne, c'est-à-dire celle de Bachar al-Assad, il a répondu simplement «oui».
الرئيس المصري عبد الفتاح السيسي يعلن دعمه للجيش السوري pic.twitter.com/eb5SxEW7g4
— Yusha Yuseef (@MIG29_) November 23, 2016
Début octobre 2016, la télévision Al-Manar du Hezbollah libanais avait déjà relayé des informations du site Iran Today révélant l’envoi de forces militaires égyptiennes en Syrie «dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en coordination avec l’Etat syriien», ainsi que l’envoi d’armes pour soutenir le régime d’Assad «dans la purification de la terre syrienne de la présence des terroristes».
Dans ce même contexte, précise Al-Manar, un groupe d’officiers égyptiens s’était rendu dans la ville portuaire syrienne de Tartous pour s’entraîner avec des conseillers militaires russes. Mais à l’époque, les armées égyptienne, russe et syrienne n’avaient pas confirmé ces informations.
Al-Sissi prend le risque d'une rupture avec le royaume saoudien
En officialisant son soutien à son homologue syrien, le président égyptien, déjà privé des livraisons vitales de fuel de Ryad en raison de son soutien à une résolution russe sur la Syrie à l’ONU, a pris cette fois-ci le risque d’une rupture plus grave avec le royaume. D'autant que ce dernier soutient son régime à bout de bras depuis près de trois ans.
Un risque calculé toutefois, puisque l’ex-maréchal Sissi, devenu président en 2014, s’était efforcé au préalable de se rapprocher de Moscou. Un rapprochement stratégique duquel Le Caire attend des retombées économiques. Le rétablissement des vols commerciaux suspendus depuis l'attentat en 2015 contre un avion de ligne russe au-dessus du Sinaï (224 morts) et le retour des touristes russes au pays des pyramides.
Dans son entretien avec la RTP, Sissi réaffirme: «Notre position en Egypte est de respecter la volonté du peuple syrien, et qu’une solution politique à la crise est la meilleure façon de procéder.» Le credo sous couvert duquel le Kremlin est intervenu en Syrie pour empêcher le régime au pouvoir à Damas de s’effondrer.
Un rapprochement entre Le Caire et Téhéran, que Ryad cherchait à éviter
Sous le rapprochement avec Moscou et Damas s'ébauche également une normalisation avec leur allié régional iranien. Les relations entre Téhéran et Le Caire sont rompues depuis la signature du traité de paix avec Israël en 1979. De réchauffement, après la chute de Moubarak, en crispation, après la destitution de Morsi, une nette amélioration est apparue ces derniers temps avec le changement de cap du président Sissi.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé le 21 novembre 2016 que son pays était prêt à améliorer ses relations avec l’Egypte. «Nous voulons toujours avoir des relations avec l'Egypte et son peuple dans de meilleures conditions et explorer les potentiels des deux pays», a indiqué Bahran Qasemi.
Pour le porte-parole iranien, les deux parties résoudront les divergences dans certaines questions bilatérales, alors que Téhéran et Le Caire ont des «positions communes» en ce qui concerne les questions régionales. Une embellie que l'Arabie Saoudite cherchait justement à éviter.
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