L'immense champ gazier du GTA place le Sénégal et la Mauritanie parmi les grands producteurs africains de gaz
Malgré le retard pris à cause de l'épidémie de coronavirus, le chantier colossal en est à la moitié. Les premières livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) sont prévues pour 2023.
C'est un des plus grands champs gaziers d'Afrique. Le GTA, pour Grande Tortue Ahmeyim, les noms donnés aux blocs d'exploration, s'étend de part et d'autre de la frontière maritime du Sénégal et de la Mauritanie. Les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz, ce qui fait du projet GTA l'un des plus importants en cours de réalisation en Afrique. Les deux pays sont convenus de se partager les recettes, estimées entre 80 et 90 milliards de dollars sur 20 ans.
Un brise-lames géant
La première phase du projet, qui en compte trois, est achevée à 58%, selon BP qui pilote l'opération. En raison de l'épidémie du Covid-19, le chantier a pris un an de retard, les travaux d'installation n'ont commencé que cette année, et ce n'est qu'en 2023 que le site livrera ses premiers m³. Ce premier chantier colossal situé à 65 km de la côte, au nord-ouest de Dakar, a nécessité un investissement de 3,6 milliards de dollars (environ 2,9 milliards d'euros).
Cette phase consiste à installer une douzaine de puits d'extraction du gaz, à 2 700 m sous la surface de l'océan. Dans le même temps, il faut fabriquer et installer un brise-lames de 1 200 mètres de long qui protègera le navire chargé de liquéfier le gaz. L'unité flottante pourra produire 2,5 millions de tonnes de Gaz naturel liquéfié par an (GNL). 21 caissons en béton, chacun faisant presque la taille de l'Arc de Triomphe de Paris et d'un poids à vide de 16 000 tonnes, ont été construits à terre au port de Dakar, puis acheminés et progressivement immergés sur le site.
Incontournable GNL
Le GNL est devenu le produit incontournable de l'industrie gazière. Aujourd'hui, aucune exploitation ne peut se concevoir sans cette transformation sur site du gaz récupéré. Car la liquéfaction à moins 160 degrés réduit son volume d'un facteur 600. 600 kilos de gaz deviennent un kilo de GNL, avec le même pouvoir calorifique. Cela réduit bien sûr les coûts de transport, a fortiori lorsqu'il emprunte une voie maritime, où le volume est contraint par la taille des bateaux.
"Bien que ce soit une énergie fossile, que l’on peut comparer au pétrole ou au charbon, le GNL est considéré comme une ressource énergétique propre. La faible quantité de CO2 qu’il rejette le rend beaucoup moins polluant que les autres énergies fossiles", assurent les producteurs.
Une énergie fossile vertueuse ?
En revanche, ces producteurs n'évoquent pas le process qui permet de liquéfier le gaz. Or, "le processus de liquéfaction consomme une importante quantité d’énergie : l’usine de liquéfaction utilise en moyenne près de 10% du gaz qui lui est livré pour son propre fonctionnement." Et ce processus est nettement moins vertueux pour l'environnement. Ainsi, le gaz lors de sa liquéfaction est épuré de son dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre.
En clair, le projet GTA est loin d'être sans impact pour l'environnement, comme le souligne la branche Afrique de Greenpeace. L'ONG relaie l'inquiétude des pêcheurs qui voient leur zone de pêche réduite par les infrastructures installées. Greenpeace s'interroge également sur l'impact de cette production sur l'écosystème, avec des intallations au bord "du plus grand récif d'eau froide connu au monde, constitué d’espèces de requins, de tortues et de baleines". Le gaz n'est pas non plus une ressource inépuisable et Greenpeace plaide pour le développement des énergies renouvelables, moins coûteuses.
A l'opposé, les Etats concernés plaident pour le développement économique de leur pays. Le GTA assurera une rente importante au Sénégal et à la Mauritanie. De plus, une partie du gaz sera conservée par chaque pays pour développer sa production d'énergie électrique. A terme, à l'horizon 2026-2027 quand les phases 2 et 3 seront achevées, le site pourra produire annuellement 10 millions de tonnes de GNL.
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