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Algérie: la grande ruée vers l'euro après le recours à la planche à billets

L’euro connaît une flambée inédite sur le marché noir des devises. Il vient de dépasser la barre symbolique des 200 dinars. En cause: la décision du gouvernement de recours à la planche à billets pour payer les salaires de novembre des fonctionnaires.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'euro a franchi le seuil symbolique des 200 dinars. (PHILIPPE MERLE / AFP)

Et si le véritable pouls économique de l’Algérie se trouvait au Square Port-Said, place incontournable du marché parallèle des devises? La presse algérienne fait état d’un bond «historique» de la devise européenne après la décision du Premier ministre Ahmed Ouyahia de recourir à la planche à billets pour payer les salaires de novembre des fonctionnaires. L’euro s’échange 200 dinars à la vente et 230 à l’achat. «Un seuil jamais atteint depuis le début de l’histoire de cette “bourse parallèle” très active au cœur de la capitale», observe Liberté. Le taux officiel est de 134, 282 dinars pour 1 euro.




Pour le Premier ministre algérien, la situation est explosive. Le recours à la planche à billets n’est plus un choix. «Si on n’avait pas fait ce choix, en novembre prochain, même les Parlementaires ne seraient pas payés», a-t-il indiqué, évoquant l’éventualité d’un «arrêt brutal» de l’économie nationale. Explications: si le gouvernement n’avait pas retenu cette solution, l’Algérie aurait été obligée de recourir à l’endettement extérieur. Toujours, selon le Premier ministre, les autorités auraient été alors contraintes d’emprunter 10 milliards de dollars par an en moyenne auprès des institutions financières internationales.


Faillite économique ou calculs politiques? «Pour maintenir la paix sociale jusqu’au scrutin d’avril 2019, Ahmed Ouyahia sera bien obligé de consacrer une part non négligeable de l’argent tiré de la planche à billets au renflouement d’au minimum 1000 entreprises publiques en situation de faillite et, de surcroît, irrémédiablement déstructurées», juge le quotidien El Watan

 

Inflation à 4 chiffres
Les propos de l’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour ne sont pas pour rassurer la population. «Les Algériens doivent se préparer à une inflation à quatre chiffres». Et de préciser: «Le gouvernement dit qu’il refuse de recourir à l’endettement extérieur et choisit le financement non conventionnel (planche à billets, NDLR). La réalité est que le gouvernement sait qu’il ne trouvera pas de crédits sur le marché extérieur pour la simple raison qu’il n’a pas de garantie à fournir.»

L'euro devient une valeur refuge. L’offre n’arrive pas à suivre les fortes demandes de change sur le marché parallèle. «Cette diminution subite de l’offre est essentiellement due au grand rush des citoyens pour changer leurs dinars en monnaie européenne, à la recherche d’une valeur refuge. La dévaluation que continuera à subir davantage le dinar algérien, sous l’effet négatif de la planche à billets, a provoqué un vent de panique au sein des Algériens qui ont amassé quelques économies», explique le quotidien Liberté. Qui n'exclut pas une nouvelle envolée de la monnaie européenne face à un dinar déprécié.

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