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Covid-19 : la fermeture des frontières du Maroc porte "un coup fatal" au tourisme

Les opérateurs du tourisme, qui misaient sur les fêtes de fin d'année pour se redresser, voient rouge.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Place Jemaa El-Fna à Marrakech, le 6 mai 2021. (FADEL SENNA / AFP)

Le tourisme au Maroc risque de recevoir le coup de grâce après l'annonce brutale de la fermeture des frontières en raison du variant Omicron, s'alarment les professionnels de ce secteur vital pour l'économie du royaume, déjà miné par une crise sans précédent depuis près de deux ans.  Avalanche d'annulations, hôtels et agences de voyage fermés... La suspension des vols réguliers, en particulier avec la France, dont les ressortissants sont les premiers touristes étrangers, "porte un coup fatal au secteur", assène Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des agences de voyage du Maroc (FNAVM). Le 25 novembre, le Maroc a décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les vols directs à destination et en provenance de France, du fait de la recrudescence de l'épidémie de Covid-19 dans l'Hexagone, avant de refermer toutes les frontières aériennes pour deux semaines.

Chute des recettes

Les opérateurs du tourisme, qui misaient sur les fêtes de fin d'année pour se redresser, voient rouge. 

"Toutes les réservations ont été annulées et la plupart des hôtels devront fermer, sachant que la moitié d'entre eux le sont depuis le début de la pandémie."

Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH)

à l'AFP

Le sort des voyagistes n'est pas meilleur. "Quelque 80% des agences de voyages sont déjà à l'arrêt et les récentes décisions vont empirer notre situation", déplore Mohamed Semlali. Sous l'effet des nouvelles restrictions de déplacement, le secteur touristique devrait essuyer des pertes évaluées à "au moins un milliard de dirhams" (88 millions d'euros) entre Noël et le jour de l'An, selon un opérateur cité par le site d'information économique Medias24. Si en 2019 les recettes du secteur touristique avoisinaient 80 milliards de dirhams (7,5 milliards d'euros) pour 13 millions de touristes, elles avaient chuté de 65% début 2021, à 28 milliards de dirhams, selon les chiffres officiels. Les nuitées d'hôtel ont suivi la même tendance en s'effondrant de 25,2 millions en 2019 à 7 millions en 2020, soit une diminution de 72%.

Eclaircie de courte durée

Après de longs mois d'isolement, le royaume chérifien a rouvert progressivement ses frontières à partir de juin, permettant un rebond des activités liées au tourisme, qui pèse près de 7% du PIB. Durant la période estivale, il a accueilli près de 2 millions de touristes contre 165 000 pendant l'été 2020, selon le ministère de l'Economie. Les professionnels espéraient voir le bout du tunnel avec l'assouplissement des mesures de restriction, grâce à l'amélioration de la situation épidémiologique. Mais c'était sans compter avec la nouvelle flambée des cas de Covid-19 en Europe, qui a conduit les autorités marocaines à fermer les frontières aériennes d'abord avec l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, puis avec la France, et enfin le reste du monde depuis lundi 29 novembre minuit.

"Nous étions très optimistes avec l'arrivée du nouvel An, mais cette décision nous a pris par surprise. Nous étions au bord de la faillite. Maintenant, on a mis le pied dans la faillite."

Khalid Moubarak, secrétaire général de la FNAVM

à l'AFP

"Préserver les acquis"

Les autorités justifient ces mesures drastiques "pour préserver les acquis du Maroc dans la lutte contre la pandémie""C'est une très mauvaise nouvelle pour l'économie du pays parce qu'il y avait une accélération des réservations vers le Maroc, devenu une alternative à un certain nombre de destinations fermées", analyse pour l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé français Protourisme. Rappelant que les Français représentent un tiers des arrivées, il estime que le calendrier tombe mal. 

"Sur les fêtes de fin d'année, on attendait une centaine de milliers de touristes français au Maroc. Là ils annulent."

Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé français Protourisme

à l'AFP

L'impact social est également dévastateur : entre 20% et 30% des emplois du secteur ont déjà été détruits, estime le patron de la FNIH. La ministre du Tourisme Fatima Zahar Amor, citée par Medias24, a annoncé le retour de l'aide mensuelle de 2 000 dirhams (environ 190 euros) aux acteurs du secteur à l'arrêt pendant le dernier trimestre, sans préciser le nombre de bénéficiaires. Une aide qui avait déjà été allouée entre le début de la pandémie et juin dernier. Et le secteur ne peut compter sur le tourisme local, trop faible, pour combler les pertes. 

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