Présidentielle en Côte d'Ivoire : "Les appels à la désobéissance civile sont voués à l'échec", lance Alassane Ouattara
Les protagonistes de la présidentielle ivoirienne rivalisent de déclarations menaçantes à un mois du scrutin.
Alassane Ouattara vient de passer quatre jours à sillonner le centre du pays. Une tournée qualifiée de "visite d'Etat" qu'il met à profit pour présenter le bilan de ses dix ans à la tête de la Côte d'Ivoire. Une occasion aussi de fustiger ses opposants déterminés à lui barrer la route d'un troisième mandat qu'ils jugent anticonstitutionnel. Pour lui, ses opposants cherchent à déstabiliser le processus électoral.
Il faut arrêter de faire peur aux Ivoiriens. Je sais que les appels à la désobéissance civile n'iront nulle part
Discours d'Alassane Ouattaralors de sa tournée dans l'est du pays
Depuis l'annonce de sa candidature en août, au moins quinze personnes ont trouvé la mort au cours des violences qui ont éclaté dans le pays. Plus le temps passe, plus l'atmosphère socio-politique se charge de soufre, s'inquiète le quotidien ouagalais Le Pays. Notre confrère note que tout ce que l'opposition ivoirienne compte de poids lourds se prépare à aller en front uni contre le troisième mandat controversé du président Ouattara.
Un seul mot d'ordre : la désobéissance civile
L'ancien président ivoirien Henri Konan Bédié s'en est fait le porte-drapeau en lançant un appel solennel à la désobéissance civile auquel se sont ralliés les principaux ténors de l'opposition. "Nous irons jusqu'où monsieur Ouattara veut nous conduire", a lancé le président du Front Populaire Ivoirien (FPI), Pascal Affi N'guessan. Il a enjoint les militants de son parti "à se tenir prêts" dans l'attente des consignes du comité de pilotage de la désobéissance civile mis en place par le front commun de l'opposition.
Face à cette fronde qui suscite la peur des Ivoiriens, Alassane Ouattara tente de rassurer ses compatriotes. Il affirme que la présidentielle du 31 octobre aura bien lieu et dénonce ceux qui prétendent que la Côte d'Ivoire est à feu et à sang.
Avez-vous croisé dans les rues des gens avec les couteaux entre les dents ? Je ne laisserai pas les prédateurs, des gens sans foi ni loi, anéantir tout ce qui a été accompli
Le président ivoirien Alassane Ouattaradans une interview à Paris Match
Alassane Ouattara en veut notamment à son ancien bras droit, Guillaume Soro, exclu de la présidentielle en raison de son casier judiciaire. Ce dernier le traite aujourd'hui de tous les noms et regrette d'avoir consacré plusieurs années de sa jeunesse à défendre sa cause et à le hisser au sommet du pouvoir.
"Je pense que ce jeune homme, enivré par l'argent et le pouvoir, a simplement perdu la tête", a confié Alassane Ouattara au magazine Paris Match. Pour lui, la place de son ancien allié n'est pas dans la campagne électorale, mais en prison, pour avoir tenté de déstabiliser le pays.
"Il faut savoir partir avant d'en être forcé"
Comme ses camarades du front de l'opposition, Guillaume Soro ne lâche rien. Il réclame le retrait de la candidature d'Alassane Ouattara, la dissolution de la Commission électorale indépendante et celle du Conseil constitutionnel, accusés d'être à la solde du pouvoir. Il multiplie, lui aussi, les mises en garde à son ancien protégé qu'il invite "à partir avant d'être forcé de le faire".
Il veut me voir en prison ? Sûrement dans la cellule voisine de la sienne. Qu'il quitte le pouvoir et ne brûle pas la Côte d'Ivoire
L'opposant ivoirien Guillaume Sorosur son compte Twitter
A un mois du scrutin, les protagonistes ivoiriens campent sur leurs positions respectives. Le président ivoirien affirme que "droit a été dit" et que ses concurrents exclus de la course l'ont été conformément aux lois ivoiriennes. Allusion à Guillaume Soro, Laurent Gbagbo... et les autres candidats malheureux. Quant à la remise en cause du troisième mandat qu'il brigue, il rappelle que le pays s'est doté d'une nouvelle Constitution en 2016 qui a remis le compteur des mandats à zéro.
"Gare aux fauteurs de troubles"
Face à la fronde et aux menaces qui s'amplifient à l'approche du scrutin, le Premier ministre ivoirien, Ahmed Bakayoko, tape du poing sur la table. Il a dénoncé solennellement "les inconscients" qui incitent à la violence et à la rébellion. "S'il y a des destructions de biens publics ou privés, le soir, on sera à votre maison pour vous apporter la note", a-t-il prévenu.
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