Cet article date de plus de douze ans.

Comment la vidéo "Kony 2012" est devenue "la plus virale de l'histoire"

En atteignant les 100 millions de vues en l'espace de six jours, la vidéo, qui dénonce l'impunité du chef de la rébellion ougandaise, bat tous les records. Retour sur les clés de ce succès fulgurant.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Joseph Kony, le chef de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), à Ri-Kwamba, au Sud-Soudan, le 12 novembre 2006. (STUART PRICE / AFP )

Six jours pour atteindre les 100 millions de vues. Un record pour la vidéo "Kony 2012", selon le site Mashable (article en anglais). Réalisée par l'ONG américaine Invisible Children, son but est de mobiliser les réseaux sociaux pour faire arrêter et juger Joseph Kony, le chef de la rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur, réputé responsable de l'enlèvement, de la torture et de l'exploitation de dizaines de milliers d'enfants ougandais.

Avec cette vidéo d'une trentaine de minutes, Invisible Children réussit à détrôner Susan Boyle, la star de l'émission "Britain's got talent", qui interprétait la chanson Dreamed a Dream. En 2009, sa vidéo avait atteint les 100 millions de vues en neuf jours. "Kony 2012" a circulé partout sur Facebook et Twitter et la vidéo a bénéficié du soutien de stars telle que Jay-Z, Rihanna, Justin Bieber ou Bill Gates, note Slate.fr. En voici une version sous-titrée en français. 

 

Des ingrédients classiques au service d'une superproduction

La recette de ce succès ? Des méthodes dignes d'une campagne électorale américaine. Le message est simple, martelé pendant 30 minutes : un "méchant" bien identifié et une mise en scène séduisante, qui fait une large part au point de vue d'un enfant, relève Courrier international. On est dans l'émotion. Ajoutez à cela "ralentis, musique dégoulinante, storytelling impeccable, logos et slogans rappelant la campagne présidentielle d'Obama en 2008 : on a quasiment affaire à une superproduction hollywoodienne", conclut Slate.fr

Le résultat permet de bouleverser l'agenda médiatique et politique et met sur le devant de la scène un sujet quasiment ignoré par le grand public. L'impunité de Joseph Kony, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité depuis 2005. Et le sort des 20 000 enfants qui auraient été enrôlés de force par la rébellion de la LRA, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).  

"Le plus important, c'est le résultat"

Cette campagne a aussi été critiquée comme étant excessivement simplificatrice, notamment parce qu'elle ne rappelle pas assez clairement, selon ses détracteurs, que la LRA est aujourd'hui très affaiblie, après avoir été chassée d'Ouganda et contrainte de se replier en Centrafrique. D'autre part, Invisible Children est une organisation controversée car on doute de la transparence de l'utilisation de ses fonds, comme le rappelle Rue89. Mais face au succès de l'opération, certaines ONG préfèrent se tourner vers la fin plutôt que vers les moyens : la vidéo aide à prendre conscience des atrocités qu'aurait commises Joseph Kony.

 "C’est un film qui s’adresse plus particulièrement à des ados et qui simplifie les choses. Mais grâce à lui, beaucoup de jeunes sont mobilisés", estime Anneke Van Woudenberg, chercheuse pour l'ONG Human Rights Watch, interrogée par Le Nouvelobs.com. La chercheuse "préfère (ne) pas juger leur méthode car le plus important, c’est le résultat".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.